Nous vous avons laissé dans notre dernier article
alors que nous étions à quelques heures de quitter l’île de Sulawesi, depuis
Makassar. Voici donc 10 jours que nous avons mis les pieds sur Flores : le
temps jusqu’ici de nous régaler des fonds marins, goûter aux joies de
l’administration pour renouveler notre visa, et d’appréhender les premières
terres volcaniques (nous avions éludé les volcans au Nord de Sulawesi).
De Makassar
à Maumere par la mer
La question « comment aller de Makassar à
Maumere » nous a occupé l’esprit quelques temps : pas d’avion direct
depuis que la compagnie Merpati a fermé boutique, donc escale obligatoire par
Denpasar (à Bali) ou Kupang (au Timor Ouest). Et qui dit escale dit billet
d’avion deux fois plus cher.
Nous nous sommes donc rabattus sur la deuxième
solution, plus contraignante en terme de temps (ça tombe bien on en
a !) : le bateau. La compagnie Pelni (www.pelni.co.id) opère beaucoup de liaisons entre les différentes
îles indonésiennes. Deux fois par mois, le KM Umsini passe par Makassar, en
provenance de Surabaya, et part vers le Sud : Maumere, Larantuka et
Kupang. Un autre bateau relie aussi Makassar à Maumere à une semaine
d’intervalle. En gros, il ne faut pas rater le bateau, sous peine de devoir
attendre plusieurs jours à Makassar, ville qui ne nous a pas vraiment charmé
mais on est pas non plus resté suffisamment longtemps pour découvrir ses
alentours.
Par sécurité, nous avons acheté nos tickets de bateau
3 jours avant, à Rantepao (des agences de voyage vendent des tickets Pelni dans
à peu prés toutes les villes). Le choix a été facile : il n’y a plus
qu’une seule classe dans le bateau, et un tarif unique donc : 200 000Rp
+/- la commission que prend l’agence de voyage, si ce n’est pas une agence
Pelni. Des numéros de couchettes nous sont attribués un peu au hasard, à vrai
dire on ne s’en soucie pas trop, on s’attend déjà à un rude trajet.
Arrivés donc le mardi 1er septembre à
Makassar (cf article précédent), nous étions dans les temps pour prendre le
ferry, le mercredi 2, à … 3h du matin … Voilà le hic du bateau :
des horaires à la noix.
Alors que nous quittons notre hôtel vers 1h du matin,
nous remontons la rue Jalan Nusantura jusqu’au port des ferrys. Surnommée
Vagina Street, cette rue, plutôt morte le jour, est un enchevêtrement de bars –
karaoké la nuit, devant lesquelles attendent des femmes légèrement vêtues. Mais
bon, pas d’insécurité à l’horizon, nous nous contentons de poursuivre notre
chemin.
Arrivés au port (Pelabuhan ferry), on prend
conscience de l’énormité du bateau : ce n’est plus la grande barque de
pêcheur, mais plutôt le Titanic ! Gigantesque, vraiment. L’entrée sur le
bateau est filtrée, les personnes pouvant monter petits groupes par petits
groupes. Cela dit en passant, on n’a pas vu de comptoir de vente à proximité du
bateau, c’est donc sûrement mieux d’acheter ses billets au bureau Pelni à quelques
centaines de mètres de là.
Une fois à bord, on entreprend de rejoindre nos
couchettes, d’après les numéros de nos billets. Nous sommes interceptés par un
matelot qui nous fait comprendre qu’on ne doit pas en tenir compte, et qui nous
installe dans une cabine pour 4, au 6ème étage, et dont nous serons
les seuls occupants. Certes pas de fenêtre, mais au moins un peu de
tranquillité, pour les 21h de bateau qui s’annoncent.
Ce bateau exprime une certaine nostalgie : on
sent qu’il a été au top dans le passé, mais qu’un manque d’entretien (et de
ménage) se fait clairement ressentir. Les toilettes de la cabine sont
condamnées (et une odeur pas géniale flotte lorsque l’on passe devant), les
caches-ampoules n’existent plus, la moquette est dans un sal état. De l’eau
fuit dans les toilettes communes, … Bref, tout ça est vraiment dommage, mais
bon de toute façon ici les gens ne prennent généralement pas très soin des
choses (les passagers indonésiens se conduisent pour la plupart assez
salement), et un manque de moyen doit aussi expliquer le pourquoi du comment.
Gros avantage : il y a des prises électriques
dans chaque cabine, et même dans les dortoirs inférieurs. Au final, nous ne
serons presque que 4 touristes à notre étage.
Pour la nourriture, c’est bien de prévoir ses propres
provisions. Des repas sont servis gratuitement deux ou trois fois pas jour (riz
et poisson en portion minime, un appel est ensuite lancé pour le rab’). On peut
quant même acheter de la nourriture soit à la cafétéria, soit aux vendeurs qui
passent dans les couloirs. De notre côté, on s’est blindé de biscuits et avons
pris un gros repas à emporter dans le restaurant où nous avons mangé la veille
au soir.
Bon, on n’a pas trop été mêlé à la vie à bord pendant
toute notre traversée, souvent dans la cabine à lire ou regarder des films. Par
contre, la vie du bateau s’est parfois invitée parmi nous, via le son des
haut-parleurs, notamment ceux de la mosquée : et oui, une mosquée à bord,
et les chants qui vont avec dès le petit matin !!
Pour ceux qui le veulent, il y a aussi des douches à
bord, ainsi qu’un théâtre / salle de concert : Nico s’est fait recaler car
il était en short …
Partis avec une heure de retard, nous arrivons avec
2h de retard, soit 00h30 au lieu de 22h30. C’est le gros bordel pour sortir du
bateau : des porteurs courent dans tous les sens pour trouver des clients
et décharger au plus vite les affaires en poussant littéralement tout le monde.
Ça y est,
nous sommes à Flores, notre
troisième grande île indonésienne.
Allez, y’a plus qu’à chercher où dormir en pleine
nuit ! Sur le quai, les rabatteurs proposent services de taxi dans les
alentours, et aussi bien au-delà, notamment jusque la ville de Moni (pour ceux
qui voudrait d’emblée se faire le lever du soleil sur le volcan Kelimutu au
sortir du bateau).
Pour nous, ce sera la marche à pied. Les hôtels à
proximité du port était tous pleins, pour d’autres il n’y avait pas de
réceptionniste, nous avons dû pousser jusqu’au centre-ville (20 bonnes minutes
de marche), et avons trouvé une chambre au Gardena
Hotel (100 000Rp sans clim, 150 000Rp avec – pdj inclus). Le gars de
l’hôtel commence déjà à vouloir nous vendre des excursions pour le lendemain,
c’est pas comme si on avait juste tous envie d’aller se coucher (y-compris lui
je pense). Bref, douche rapide, et nous tombons dans les bras de morphée.
Le Lena House : voici l’endroit où l’on s’est
senti dans nos petits souliers pendant presqu’une semaine. On y revient.
Jeudi matin,
on ne tarde pas trop après notre réveil pour quitter l’hôtel. Notre première
préoccupation ici, c’est de reconduire notre visa pour 30 jours : nous
avons un visa social de 60 jours, renouvelable 4 fois 30 jours, à condition
d’avoir un sponsor local, en gros un garant. Le gars du Gardena Hotel s’est
proposé (à quel prix, on ne sait pas), mais on a gentiment décliné, car aucune
envie de rester dans son établissement plusieurs jours (c’est pas sal mais
c’est pas entretenu).
On prend un bemo (mini-van, 5 000Rp) jusqu’au bureau
de l’immigration, à quelques pas de l’aéroport.
Renouveler
son visa social à Maumere
Le bureau de
l’immigration est ouvert du lundi au vendredi, de 8h à 16h. Il y a un
bureau dédié aux étrangers, et on y parle à peu prés anglais.
Les documents
à fournir : photocopie du passeport (page avec la photo, page avec le
visa d’origine, page avec le tampon d’entrée), photocopie de la pièce
d’identité du sponsor, attestation de séjour signée par l’établissement
d’accueil (ils fournissent un formulaire à remplir après demande) et qui doit
leur être remis par quelqu’un de ce même établissement, lettre de garantie du
sponsor et lettre d’invitation du sponsor (pas de modèle donné pour ces deux
là, mais ils nous ont laissé prendre en photo des lettres remises pas d’autres
touristes …).
Notre sponsor,
nous l’avons trouvé au Lena House, petit resort pas cher au km 28 sur la route
entre Maumere et Larantuka. Son proprio, Didakus, a accepté de nous sponsoriser
sans aucune contrepartie (mais on est resté dans son hôtel pendant 6 nuits et
avons pas mal fréquenté son resto).
Délais :
trois jours ouvrés. Un jour pour
venir remettre les documents et remplir un formulaire donné sur place. Le jour
suivant, prise des photos et des empreintes (on aurait pu récupérer le visa
dans l’après-midi, mais on n’avait pas envie d’attendre 4h sur place).
Troisième jour au matin (ou n’importe quand dans la journée), on récupère nos
passeports avec un nouveau tampon. Le bureau ne disposant pas de
photocopieuses, on doit aller faire nous-mêmes des photocopies du nouveau
tampon et leur ramener (on peut fait ça dans la rue). Ca a pris un peu de temps
pour nous car le gars était entrain de finir une partie de jeu vidéo sur son
ordi (tout le monde voyait l’écran de son PC, mais ça ne le dérangeait pas du
tout.
Le personnel est globalement sympathique. Ils peuvent
même vous trouver un sponsor payant
(dans les 350 000Rp) si vous n’en avez pas, ce qui est plutôt pas mal.
Le coût de tout ça : 355 000Rp par passeport, et plusieurs aller-retour.
Profiter
des journées au Lena House et chez Happy Dive
Nous sommes arrivés au Lena House le mercredi 3 en début d’après-midi, après une grosse
heure à bord d’un bemo (bleu foncé, 10 000Rp) qui, pour ne pas déroger à la
règle du coin, fait aussi office de discothèque ambulante : basses à fond
(et pas des petites), aigus stridents, les oreilles sensibles apprécieront
d’avoir des boules Quies à porter de main !
Le Lena House, trois bungalows en bambou autour d’un
restaurant, dispose d’une annexe à 15 minutes à pied par la plage ou la route,
le Lena 2, bien plus tranquille (pas de villageois autour, ni de coqs). Nous
avons donc pris place au Lena 2 (155 000Rp la double avec pdj) et on a y passé
6 jours agréables : rencontres le soir au restaurant (pas cher d’ailleurs
et bon, mais pas toujours beaucoup de choix), possibilité de louer un scooter
(75 000Rp) pour partir visiter les alentours (où se rendre au bureau de l’immigration
plus vite qu’en bemo), et aussi proximité du centre de plongée Happy Dive, à 15 minutes à pied.
Le Lena 2 |
Le restaurant |
Nous avons plongé à 6 reprises en compagnie
d’Ankermi, propriétaire du Happy Dive, et de l'hôtel qui porte son nom, très tranquille.
Ankermi |
Deux fois, nous avons fait
une sortie bateau avec deux plongées chaque fois : coraux encore jamais vu
jusqu’alors, de magnifiques couleurs, nudibranches qui nous étaient inconnus,
des crevettes minuscules, une vie marine normale. Entre les deux plongées,
arrêt sur une Pulau Besar, le long d’une bande de sable blanc de rêve. Encas de
beignets, repas sur le chemin du retour, franchement rien à redire. Ankermi
recherche tout ce qu’il peut sous l’eau et prend vraiment son temps. A la fin
de la plongée, il remonte avant tout le monde et nous laisse profiter des
dernières minutes en solo.
On a particulièrement aimé les sites suivants : Channel,
au large de Pulau Besar (Snappers, thons, poissons globes, homards, balistes,
ribbon eel, petites crevettes et nudibranches) et Crack, lieu de la faille créée par le tremblement de terre en 1992,
à côté de Pulau Babi (Pigmy seahorse, seiche, murène, crabes orang-outans à
foison, ghost pipefish, …).
Little O, le long de la côte, et Fish Soup (beaux coraux à la remontée) nous ont paru moins
intéressants.
Nous avons aussi plongée sur l’épave d’un bateau d’approvisionnement japonais datant de la
seconde guerre mondiale, tout proche de la plage devant le Happy Dive :
visibilité ultra-réduite quand on y était, mais une macro-vie assez folle et
plein de poissons lion.
Nous avons fini en beauté par une expérience nouvelle
pour nous : la Muck Dive. Ici,
pas question d’admirer les coraux (y’en a très peu) mais plutôt d’aller
chercher les petits animaux marins vivant dans le sable vaseux et les algues
(certains animaux ne sont présents que dans ce type de milieu) : foison de
nudibranches plus beaux les uns que les autres (certains ultra mini),
notamment, et notre poisson grenouille, jaune pétant !!! Voici quelques
photos récupérées sur Internet.
Poisson grenouille |
Ribbon eel |
Cleaner shrimp |
Nudibranche (ainsi que les photos suivantes) |
Pigmy seahorse |
L’hôtel d’Ankermi, bien qu’un peu cher pour notre
budget pour l’hébergement (dans les 350 000Rp), est un bon endroit où prendre l’apéro (mention spéciale au Arak cocktail, version
du mojito à l’alcool de palme), et enchaîner sur un bon poisson grillé (dans les 45 000Rp, à commander 2h avant).
Nous repartons de Maumere, à bord une fois de plus
d’un bemo que nous attrapons le long de la route (fréquents) le mercredi 9,
faisons un saut au bureau de l’immigration pour récupérer nos passeports, et
enchaînons sur notre prochaine étape : Moni.
C'est magnifique. .
RépondreSupprimerRien à dire, je reste sans voix devant ces photos.
Gros bisous