lundi 14 septembre 2015

Jour 340 à 346 : rizières et sacrifices en terres Toraja - Tentena / Rantepao / Makassar (26 au 01/09)

En pays Toraja
Nous éloignant l'espace de quelques jours de la mer, nous avons profité de notre descente vers Makassar pour explorer l'intérieur des terres. Une courte halte dans la ville de Tentena avant de pénétrer au coeur du pays Toraja, où rites funéraires sont encore d'actualité. Leur principale composante : les sacrifices d'animaux ...


La route d'Ampana à Tentena

Mercredi 26, nous nous levons avec pour objectif de rejoindre la ville de Tentena. Pas de bus direct le jour (uniquement la nuit), la solution qui nous apparaît la plus logique est de prendre un bus pour Poso (à 10h, 80 000Rp) et de voir une fois là-bas s'il y a des bus pour Tentena.

Alors que nous faisons nos bagages, le réceptionniste de l'hôtel vient nous voir : deux autres personnes de l'hôtel souhaitent également aller à Tentena, et un chauffeur de voiture privée est disponible pour nous y emmener pour 640 000Rp à quatre. Certes un peu plus cher que les transports publics, mais aussi plus rapide, et on est sûr d'arriver à Tentena le jour même. Nous voici donc en route, mais après avoir rouler pendant peut-être 2h, un des freins avant de la voiture commence à faire des siennes : bruit bizarre et odeur de chaud à certains moments, on comprend assez rapidement que nous ne pourrons pas arriver à destination avec ce véhicule ... Le chauffeur ne parle pas indonésien, mais on arrive à rappeler l'hôtel Oasis à Ampana (qui a organisé ce transport), les mecs s'expliquent au téléphone, et on nous explique que au pire il nous faudra attendre quelques heures à Poso, le temps de réparer les freins avant de repartir, ou au mieux on arrivera à chopper une autre voiture collective.

Et ce sera finalement dans une autre voiture, que l'on attrape en chemin (notre chauffeur s'est dépêché pour la choper, ce qui a donné lieu à quelques frayeurs car il allait parfois un peu vite, freinant dans les virages au frein à main, ...), que nous rejoignons Tentena. 

On aura mis un peu moins de 5h au final, nous engouffrant dans des paysages vallonnés, où les voitures ont parfois du mal à se croiser sur la route, avec même certains passages juste en terre. Et pourtant, nous sommes sur la route principale qui traverse Sulawesi.
L'arrivée à Tentena est vraiment belle : les rizières sont d'un vert éclatant, des bourgs à flanc de colline avec des églises aux clochers colorés donnent une touche fort bucolique au paysage.

Petite pause à Tentena

Nous sommes déposés à L'Hotel Victory, et on ne va pas chercher plus loin car on a là tout ce qu'il nous faut : petite chambre double propre (175 000Rp la standard avec pdj - les supérieures ont l'eau chaude), bon wifi, et jeune fille à l'entrée qui ne demande qu'à aider.

Après-midi consacré au dernier article du blog, et nous partons déguster les spécialités culinaires de la ville : l'anguille et le gros poissons rouge. Pour cela, nous prenons place dans LE restaurant de la ville, du moins d'après le lonely : le Pamona. Nous n'avons pas du tout aimé le premier (préparé frit, c'était très fort et caoutchouteux), et avons moyennement apprécié le deuxième (c'était plus la sauce au vin de riz qui était bonne que le poisson). On s'en tire au final assez cher (200 000Rp) et avec un service nul, les gens ayant a priori oublié de sourire et d'être aimables ... On se régalera bien plus durant les autres repas dans dans les gargottes entre les deux ponts de la ville (surtout dans la toute dernière, juste avant le pont piéton), et pour bien moins cher.

Ce n'est que jeudi que nous découvrons la beauté des environs, perchés sur notre scooter (100 000Rp avec le plein). Le plan donné par l'hôtel est plutôt bien fait (bon on se perd un peu quand même) et on découvre pas mal de petits villages, où riz et clous de girofles sèchent au soleil (ces derniers servent d'ailleurs à la fabrication des cigarettes locales) le long des routes.




La cascade Saluopa (20 000Rp) est le site le plus intéressant à nos yeux, d'autant qu'il fait bon s'y baigner après avoir eu bien chaud.




Sur le chemin qui y mène, nous traversons même un village balinais : c'est assez étonnant de se retrouver au milieu de plein de petits temples hindous alors que nous ne voyons que mosquées et églises depuis bientôt deux mois. Un avant goût de Bali ...


Le Lac Poso, principale attraction du coin, nous restera néanmoins étranger : la route pour accéder à la plage principale Siuri étant en cours de rénovation, nous n'avons pu y accéder (ouverte uniquement de 12 à 14h, puis après 18h). Mais pas grave, de toute façon une grosse pluie a mis fin à notre expédition vers 15h.



Le riz est séché avec son écorce le long des routes
L'orage arrive
C'est reparti pour une journée voiture jusque Rantepao

C'est de nouveau en voiture privée que nous faisons la route jusque Rantepao : 350km, 10h, beaucoup de virages, on était heureux d'arriver. Comme souvent, le stop déjeuner était à ... 10h30 (bien sûr nous n'avions pas du tout envie de manger à cette heure-là), et nous avons dû demander au chauffeur de s'arrêter de nouveau vers 13h pour manger : il était ultra surpris !
Nous avons payé 1 000 000Rp (partagé à 4) pour la voiture, le chauffeur étant de Rantepao et ne voulant pas regagner sa ville à vide (sinon, compter 1 500 000Rp pour un chauffeur de Tentena).



Il est également possible d'aller à Rantepao avec d'autres bus : un qui vient d'une ville plus au Nord mais pas de possibilité de réserver les places à l'avance (pas de certitude d'avoir une place donc), un autre partant de Tentena et allant jusque Palopo, d'où il faut généralement attendre le lendemain pour choper un bus pour Rantepao (la fille de l'hôtel Victory explique tout cela très bien).
Pour 250 000Rp par personne, on paye peut-être 50 000Rp de plus qu'en bus mais on fait la route d'un coup.

La culture ancienne des Toraja

Rantepao est la ville centrale pour visiter le pays Toraja. Certes pas très belle, on peut néanmoins vite s'en échapper pour se retrouver au milieu des rizières et des petits villages qui ponctuent les routes / chemins.


La grande particularité visible du pays Toraja, ce sont ces maisons au toit en forme de bateau, ou de cornes de buffle selon d'autres. Il y en a partout.



Bien que convertis en majorité au christianisme (on rappelle que choisir une religion est obligatoire en Indonésie), les Toraja ont fortement conservé leurs coutumes ancestrales, animistes. Les cérémonies funéraires en sont l'exemple le plus concret en cette période de l'année, puisqu'elles ont pour la plupart lieu en juillet et août, durant la saison la plus sèche.

Ces cérémonies s'étalent souvent sur plusieurs jours, et sont organisées presque toujours plusieurs années après la mort du défunt ... le formol est ici d'une utilité essentielle !!!! Pourquoi attendre autant ? Pour rassembler l'argent nécessaire à l'achat d'animaux qui seront ensuite sacrifiés : cochons et buffles d'eau sont les malheureux concernés. On tue parfois jusque 80 buffles, sachant qu'un animal coûte minimum 1 000€ ... Les premiers jours (un ou deux) de la cérémonie sont généralement réservé aux danses et aux chants, les suivants aux combats (s'accompagnant de paris) et sacrifices d'animaux, jusqu'au dernier jour où le défunt va vers sa dernière demeure

  • Un arbre pour les enfants qui n'ont pas encore de dents. L'arbre est généralement choisi loin de la maison des parents pour que l'enfant ne viennent pas les hanter et puisse aller en paix vers sa nouvelle vie, nourrit par la sève de l'arbre.
A Kambira

  • Une grotte naturelle : plus on est riche, plus le corps est placé haut dans la grotte, le cercueil contenant les objets dont le défunt aura besoin dans sa nouvelle vie, dont beaucoup de cigarettes, parfois un ventilateur, ses vêtements et de l'eau en bouteille.
Grottes de Londa






  • Une cavité creusée dans la roche, même principe que la grotte.
Grottes de Lemo

  • Un mausolée à terre, le corps étant enterré.
Bref, on a le choix ! Les cercueils peuvent être remplacés lorsqu'ils sont trop usagés.
Les statues, appelées Tau Tau, représentent le défunt, et peuvent elles-aussi être remplacés, et les vêtements changés.

Tous les sites funéraires peuvent se visiter (la plupart sont sur le bord des routes), moyennant souvent un droit d'entrée de 20 000Rp / personne.

Nous avons eu le plaisir de participer à une cérémonie funéraire, un jour de sacrifice. Nous sommes arrivés trop tard pour voir les animaux se faire tuer, mais nous avons eu largement l'occasion de voir ce qu'ils deviennent ensuite...

Âmes sensibles, s'abstenir !!!


Les offrandes pour le défunt, placé dans
un cercueil en haut du tapis rouge
Découpe de la viande, qui est ensuite répartie entre les
familles / participants


Le vendeur de glace, chaque occasion est bonne pour
faire des affaires !
Les cérémonies ne sont pas très privées : plus il y a de monde, plus on honore le défunt. Un don est le bienvenu (parfois exigé par le maître de cérémonie), les cigarettes remportent toujours un franc succès (on a acheté une cartouche - 150 000Rp) à 5. Les guides touristiques tentent pour la plupart de dissuader les gens d'aller seuls aux cérémonies, et tentent de garder le lieu secret pour empêcher les gens d'y aller. Il faut donc essayer de les forcer à parler, par des subterfuges : "si on part demain avec vous, vous nous emmenez où ...?". Avoir un guide est bien sûr utile, mais cher (400 000Rp à deux, plus cher quand on est plus nombreux, ce à quoi il faut rajouter le prix de location d'un scooter, ...).

De notre côté, on l'a fait par nous-mêmes (80 000Rp la location de scooter, réserver la veille à l'hôtel car ils partent vite, sinon plusieurs magasins de location dans la rue à côté du Wisma Julia), et une dame de la famille du défunt, Hana, croisée à l'entrée, nous a accueilli chaleureusement et a partagé le repas avec nous.

Une randonnée d'une bonne journée nous a emmenés sur les petites routes au Nord de Rantepao, de Palawa à Tikala (avoir la carte Periplus est très utile, à acheter dans l'une des boutiques de souvenir de l'Abadi Market - 95 000Rp). Nous avons pris une voiture publique depuis la gare de Bolu (10 000Rp / personne, déposés à Palawa - attend que la voiture soit bien pleine avant de partir), puis avons marché, beaucoup marché ... Un bon 4h pour arriver à Batutumonga, et profiter d'un déjeuner bien mérité avec vue sur la vallée, du haut de la terrasse du Mentirotiku. S'en est suivi presque deux heures de marche jusque bien après Pana, où nous nous sommes jetés sur une voiture qui passait pour supplier le jeune couple de nous embarquer sur quelques kilomètres. Ils nous ont fait économiser 5km, et nous avons pu prendre un pousse-pousse version scooter un peu après Tikala, pour revenir à Rantepao (25 000Rp).










Cassées ... voilà la conclusion de cette journée pour nos jambes, mais c'était vraiment sympa.

Les amoureux de l'artisanat trouveront de quoi se satisfaire dans les petites boutiques près des principaux sites funéraires : sculpture du bois, tissage (du côté de Sa'dan), Lucie aurait bien tout acheté !!!
Site funéraire de Ke'te Kesu

Deux jours en scooter donc, un de marche. Ca nous a paru suffisant pour avoir un bel aperçu de la région, et de ses habitants très souriants.

L'hôtel Pia's Poppies, bien qu'à un gros kilomètre du centre de Rantepao (on rejoint le centre en Becak - pousse-pousse scooter - pour 10 000Rp à deux), s'est révélé être un très bon choix : chambre spacieuse est propre, avec eau chaude en prime (176 000Rp sans pdj), et nourriture excellente : les jus de fruits Monalisa (fruit de la passion locale), les grosses omelettes, les plats de Pa Piong (viande et légumes cuits dans un tube de bambou). Le service est lent parce qu'ils ne sont pas nombreux à l'assurer, donc mieux vaut s'y prendre un peu avant pour commander ! Le seul hic : le bruit des animaux la nuit : poules, coqs, chiens, non identifiés ... un vrai récital !!!!


Transit à Makassar

Lundi 31, nous grimpons dans un bus de nuit en direction de Makassar, ville principale de Sulawesi (plusieurs compagnies en proposent le long de la rue principale, ainsi que les hôtels) : l'un des meilleurs bus depuis que nous avons commencé notre voyage. Départ 20h30 (possible aussi de faire le trajet de jour, départ 9h le matin - 150 000Rp), nous passons une nuit plutôt pas mal, aussi parce que nous avons pris un petit cachet contre le mal des transports qui a le don de faire dormir ... si seulement on en avait eu dès le début de nos aventures !!!

Nous sommes déposés mardi vers 6h sur l'avenue Pettarani (demandé au chauffeur de vous déposer là plutôt qu'au terminus des bus, comme ça on est plus prés du centre ville), nous optons pour un taxi, avec compteur, pour rejoindre un hôtel non loin du port des ferrys, sur Jalan Nusantara (45 000Rp). Le personnel du Harmoni Inn est plutôt conciliant : nous convenons de faire le check-in à 6h30, sachant que nous quitterons les lieux vers 2h du matin, pour prendre un ferry direction l'île de Flores, sans coût additionnel (200 000Rp la double).

Nous profitons de notre arrêt ici pour expédier un troisième colis vers la France : on se débarrasse de nos grosses chaussures de rando (nos baskets feront l'affaire jusque la fin, on ne prévoit plus de trek majeur), de toutes les petites choses qui ne nous ont pas servi depuis bien longtemps, et surtout des petits souvenirs achetés au pays Toraja. En tout, nous nous délestons de 10kg, pour un coût de 805 000Rp (arrivée dans 3 mois, transport par bateau, petite assurance incluse mais pas grand chose). Il y a même un service à la poste qui s'occupe d'emballer tout notre bazar, c'est parfait !

Le soir venu, on se régale de poissons et calamars grillés dans l'un des petits restos le long de l'eau, juste au Sud du port des containers (en bas de Jalan Nusantara) : c'est vraiment bon marché.

Nos aventures sur l'île de Sulawesi s'achèvent ici. Nous avons adoré tout ce que l'on a pu y découvrir : sites de plongée très intéressants, plages idylliques, parcs naturels riches et culture ancestrale. Chacun y trouvera son compte !

La suite de notre périple indonésien se déroulera sur l'île de Flores, plus au Sud. Mais on en a assez écrit pour cet article, rendez-vous dans le prochain !

2 commentaires:

  1. Heureuse de vous retrouver...
    Des circuits assez sportifs, et qui encore une fois nous font voyager avec vous (plus relax...) et nous ont fait découvrir des traditions tout à fait inconnues...
    Enormes Bisous

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  2. Les maisons sont en effet surprenantes et c'est vrai que ça rappelle les cornes de boeufs. Impressionnants aussi les rites funéraires. Gros bisous à vous 2

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