samedi 31 octobre 2015

Jour 402 et 403 : beauté et souffrance dans les vapeurs de souffre du Kawah Ijen (27 et 28/10)


Quelques kilomètres séparent Java de Bali, et pourtant nous revoici dans un nouveau monde. Nous redoutions la reprise de l'aventure, après un bon mois à lézarder, dormir dans des belles chambres et circuler en voitures climatisées. Mais notre âme de baroudeurs est restée intacte :-)


De Bali à Java : on renoue avec les transports locaux

Depuis Pemuteran, il est très facile de rejoindre Java en transports locaux. 

Première étape : rejoindre l'embarcadère des ferrys à Gilimanuk. Partis de l'hôtel à 10h30, nous n'avons même pas attendu 2 minutes sur le bord de la grande route qui traverse Pemuteran qu'un bus passait déjà. Nous avons négocié le prix du bus à 60 000Rp pour deux, un peu cher compte-tenu qu'il n'y a que 45 minutes de trajet, mais on n'a pas pu faire moins. A Gilimanuk, le terminal des bus se trouve juste en face de l'embarcadère des ferrys.


Deuxième étape : prendre le ferry jusque Ketapang, première ville de Java. Là aussi, très pratique et pas cher : 7 000Rp par personne, il y a des ferrys réguliers non-stop. La traversée de 1h (seulement 5km entre Bali et Java) sera bien plus longue pour nous. Alors que nous approchons de Ketapang, tout le monde s'agite sur le bateau et regarde dans l'eau : une personne est en train de se débattre au milieu de la mer, sûrement tombée d'un ferry, mais on a du mal à imaginer comment. Heureusement qu'elle savait nager car il faudra bien 15 minutes pour la repêcher, deux hommes se jetant à la mer avec une bouée. Plus de peur que de mal, mais on se sentait vraiment impuissant, assistant à cette scène de trop loin pour venir en aide. Bref, ce "léger contre-temps" à entraîner une attente pour accoster et débarquer. Mais enfin, tout le monde est arrivé sain et sauf.
Bienvenue à Java !

Court séjour à Ketapang

En débarquant du ferry, nous avions peur que l'on nous saute dessus pour nous offrir un moyen de transport quelconque. Mais finalement, pas trop d'insistance.
Notre premier objectif à Java : le volcan Kawah Ijen, connu pour son lac de cratère et les flammèches bleus qui s'en échappe de nuit, mais aussi malheureusement pour le travail forcené des travailleurs venus extraire le souffre ... on y reviendra. Ketapang, et sa voisine Banyuwangi, sont les deux villes depuis lesquelles il est le plus pratique d'aller au Ijen, qui se trouve à une bonne heure de route.

Nous partons à la recherche d'un logement pas trop loin, et on trouve facilement. En partant vers la gauche à la sortie du port, on aperçoit au bout de quelques mètres une pancarte indiquant "Homestay" et pointant dans une petite ruelle, à l'angle de la mosquée verte et blanche. On s'engage dans cette direction, et tombons sur une maison très sympa au bout de 3 minutes. La proprio parle un anglais limité mais on arrive à se comprendre. Tout est propre, clim et douche chaude, wifi qui ne fonctionne pas par contre. Pour 200 000Rp, adjugé vendu. Nous passerons donc notre courte nuit au Puri Made 2 Homestay.

On se dégote un petit resto sympa en revenant sur la grande route, le Warung Obong (ou Oblong...), et là on retombe dans des prix tellement pas cher, on ne se rappelait plus que l'on payait si peu avant notre séjour à Bali.

Vient notre dernière mission de la journée : trouver une jeep pour nous emmener jusqu'au Kawah Ijen le lendemain. Quand on dit lendemain, c'est en fait quelques heures plus tard ... Juste en face du Warung Obong, on repère un petit bureau "Kawah Ijen Tours". On ira finalement pas chercher plus loin : 350 000Rp par personne incluant l'aller-retour en jeep, un guide (que l'on a largué très vite car les autres touristes étaient trop lent, donc en fait il ne sert à rien), des masques à gaz (contre les fumées de souffre assez importantes dans le cratère de l'Ijen) et le ticket d'entrée (100 000Rp par personne).

Rendez-vous à 1h du matin !

On a lu que certaines personnes vont par eux-mêmes en scooter jusqu'au Ijen, et vu l'état de la route en saison sèche en tout cas, c'est carrément faisable. Sur place, en haut du cratère, des hommes louent des masques à gaz, et comme on l'a dit, avoir un guide est inutile puisqu'il n'y a qu'un chemin. Mais honnêtement, on n'avait aucune envie de se taper 1h30 de route, la tête dans les vap', au volant d'un scoot.

Le Kawah Ijen : magnifique et poignant

1h, nous voici à bord de notre jeep, rien que tous les deux. Nous avons dû au préalable sauter par dessus le portail de l'hôtel : on a beau les avoir prévenu qu'on allait s'absenter au milieu de la nuit, ils l'ont quand même fermé à clé ...

On somnole dans la voiture, il fait encore une chaleur de dingue même en pleine nuit, c'est incroyable. Petit à petit par contre, ça se rafraîchit, et lorsqu'on arrive au parking du Ijen, on est content d'enfiler notre polaire et notre coupe-vent, il ne fait plus que 10°C! Petits thé et café en attendant que notre guide arrive avec un autre couple de touristes, et nous voilà en route vers les hauteurs du volcan.

Comme dit un peu avant, on a vite largué le guide et le couple de chinois qu'il accompagnait car ils étaient super lent, et pourtant on n'est pas des bêtes de course dans les montées. Nous, on n'avait qu'une idée en tête : arriver suffisamment tôt dans le cratère pour voir les Flammes Bleues sortir des entrailles du volcan. 
Il nous a fallu 1h, en tenant un rythme moyen agrémenté de courtes pauses, pour atteindre le bord du cratère. En cette nuit de pleine lune, presque pas besoin de lampe torche pour éclairer le chemin. Ce bout de chemin de 3km est inintéressant de nuit. 
C'est en commençant la descente dans le cratère que le véritable spectacle du Kawah Ijen s'offre à nous :  des fumées s'échappent au dessus du lac de cratère, que l'on a encore du mal à deviner, et on aperçoit quelques flammes bleues s'échapper derrière cette énorme masse de fumée.
Là, la lampe torche devient vraiment nécessaire.

La photo de nuit n'est pas la spécialité de notre appareil :-)
La descente vers le lac de cratère n'est pas difficile du tout, il suffit d'y aller tranquillement, le chemin est bien marqué, et avec une bonne paire de basket c'est mieux. 
Nous croisons les premiers hommes avec leurs paniers remplis de souffre sur les épaules.


Il nous a fallu peut-être 30 minutes pour arriver en bas, au bord du lac. Nous avons décidé d'attendre ici que le soleil se lève. Il est 4h15. Assez rapidement, le décor se teinte de lueurs, le bleu/blanc du lac se révèle, la fumée de souffre n'est plus blanche mais jaunâtre. Les masques à gaz sont ici nécessaires, le vent dirigeant la fumée dans tous les sens. Franchement, quand on se retrouve dans l'un de ces nuages, on étouffe. Ca pique la gorge et les yeux.




Et là, on se rend compte que des hommes sont déjà à l'oeuvre pour creuser les parois du volcan, et en extraire les blocs jaunes de souffre.


Nous échangeons quelques mots (en indonésien) avec un vieil homme en train de remplir son panier : il travaille ici depuis 40 ans. Dans ses deux paniers, 60kg de souffre. Il sera payé 1 000Rp du kilo, soit 7cts, une misère. 4€ pour transporter 60kg sur son dos, puis descendre jusque l'entrée du volcan (3km) avec une cariole tirée à la main, puis remonter la cariole jusque en haut, redescendre dans le cratère, et recommencer ...




Ca fait mal au coeur, et pourtant, tous ces hommes gardent le sourire, saluent au passage, posent pour la photo. Pour la première fois depuis le début de notre voyage, nous payons volontiers pour prendre quelques photos de ce vieil homme, il en est très content. D'autres touristes refusent, on ne comprend pas trop, si quelques centimes pour nous peuvent éviter à ces gens de faire un aller-retour de plus avec leur cargaison.




Certains fabriquent de petits objets en souffre, on ne négocie même pas le prix.

Des moments comme celui-ci nous rappellent que nous avons des situations très envieuses. Nous on se plaint, eux ils sourient ... Une belle leçon de vie.

Nous refaisons le chemin inverse ému par ce que nous avons vu. En espérant que le tourisme, et les quelques dons que chacun peut faire à ces personnes, pourra améliorer un peu leur situation.

Juste pour précision, le soleil ne se lève pas directement sur le Kawah Ijen donc il vaut mieux venir en milieu de matinée si l'on veut voir le soleil se refléter dans le lac (mais du coup on ne voit pas les flammes bleues).





Nous arrivons à notre hôtel à 8h15, les jambes endolories mais la tête pleine de souvenirs. Très vite, on fait nos sacs, et nous revoilà sur la route, direction le volcan Bromo.

3 commentaires:

  1. Très beau témoignage sur le Kawah Ijen ;)

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  2. Cest touchant cette visite...

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  3. C'est reparti la baroude, vraiment poignant votre visite .... gros bisous

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