mardi 28 juillet 2015

Jour 303 à 305 : Rencontre inoubliable avec le "peuple de la forêt" - Pangkalan Bun / Parc Tanjung Puting (20 au 22/07)


29 ans ... c'est sous ce signe que commence ce lundi matin pour Lucie.


Premier objectif : ne pas mourir dans un crash d'avion en ce jour spécial. En effet, nous embarquons à 7h50 dans un avion à hélice de la compagnie Karlstar (bon ça va c'est pas un coucou non plus). Le problème en Indonésie, c'est que sur les dizaines de compagnies aériennes du pays, seule une n'est pas sur la liste noire dressée par l'Europe. En gros, cette liste pointe du doigt les compagnies qui sont interdites sur le sol européen (peut-être même dans son espace aérien) du fait des doutes avérés ou non quant au respect de normes de sécurité européennes (parfois, une compagnie est sur la liste noire faute d'avoir pu être correctement contrôlée par les inspecteurs internationaux) ; voilà ce qu'on en comprend (pour plus d'infos : http://ec.europa.eu/transport/modes/air/safety/air-ban/index_fr.htm).

Donc en Indonésie, sauf à prendre la compagnie Garuda (la plus chère et qui ne dessert pas les coins paumés) ou Air Asia, et bien on a priori dans une situation "à risque".

Après réflexion, nous prenons le risque. Sinon, il aurait fallu retourner à Pontianak, et de là prendre un bus (départ le matin vers 8h) pour un bon 20h sur les routes (350 000Rp, ticket vendu notamment juste à côté de l'hôtel Hosanna Inn à Pontianak). Au début, on est un peu dubitatif : le seul avion de la compagnie Karlstar stationné dans sur la piste fait un peu peur, limite la carlingue est rouillée ... Mais Dieu soit loué, le vrai avion arrive et il a un peu plus d'allure. A peine le temps de larguer passagers et bagages, d'embarquer les autres (parmi lesquels nous), et le voilà de nouveau en plein ciel.
Le vol est rapide, 30 minutes, atterrissage sans encombre, on a même eu droit à un verre d'eau et des petits gâteaux.

L'aéroport de Pangkalan Bun ne vaut guère mieux que celui de Ketapang.  Nous sommes attendus par Wati, jeune femme travaillant pour l'agence Borneo Wisata (également appelée Borneo Holidays) avec laquelle la famille de Sukadana nous avait mis en contact.
Wati nous avait re-contacté la veille, et nous nous étions mis d'accord pour une croisière "Orang Outan" de 3 jours et 2 nuits dans la jungle. Prix annoncé : 8 000 000Rp à deux pour une croisière privée, 7 000 000Rp "seulement" en partageant le bateau avec d'autres personnes. Nous avons réussi à faire descendre le prix à 5 200 000Rp après avoir joué la carte "Merci pour ces informations, mais c'est trop cher pour nous, on fera sans vous!".
Au passage, nous réalisons que cette agence de voyage est le choix coup de coeur du Lonely Planet.

Au programme :
  • J1: transfert de l'aéroport - embarquement à 10h sur le bateau dans la ville de Kumai et visite d'un premier camp de nourrissage d'Orangs Outans à 15h
  • J2 : visite de deux camps de nourrissage, un à 9h et l'autre à 14h - nuit au deuxième camp
  • J3 : retour jusque Kumai (4h30 de navigation) et visite d'un village en chemin - transfert vers aéroport / hôtel / gare routière
Le prix est tout inclus : bateau / guide anglophone / cuisinier et repas / droits d'entrée et donation / droit photo.

L'huile de palme et ses ravages, nouvelle  parenthèse

Le but de tout cette croisière, au-delà de se la couler douce en essayant de repérer des animaux cachés dans les branchages, est d'observer ceux que l'on appelle en indonésien le Peuple de la Forêt : les Orangs Outans. Il n'y a plus que sur l'île de Bornéo, ainsi que sur l'île de Sumatra (autre grande île d'Indonésie) que nos lointains cousins vivent encore en liberté dans leur milieu naturel. S'ils le peuvent, c'est que des zones de forêt ont été déclarées "zones protégées", et que l'animal, en extrême voie de disparition, a été inscrit sur la liste des espèces en danger. La raison à cela : la destruction de leur habitat naturel, rasé pour laissé place encore et toujours aux champs de palmiers à huile. 
A titre d'information, très bien explicitée au Camp Leakey, que nous visiterons en dernier, quelques 
2 000 orangs outans meurent chaque année à cause de la déforestation. L'huile de palme, principale responsable, doit être consommée avec parcimonie, ou alors il nous faut nous assurer qu'elle est produite dans des conditions respectant la forêt et ses habitants. Pour information, l'huile de palme est présente dans presque tout ce que nous consommons, des aliments préparés au dentifrice et détergent. On ne le répètera jamais assez : consommez en connaissance de cause !
D'ici 2020, au rythme de déforestation actuel, les Orangs Outans n'existeront plus à l'état sauvage.

En vert, ce qu'il reste de forêt vierge
Dans la zone protégée que représente le parc national Tanjung Puting, trois camps de nourrissage ont été installés le long de la rivière. Leur but premier n'est clairement pas d'attirer le touriste, mais de pouvoir étudier le comportement de ces grands singes pour mieux les protéger. La nourriture qui est donnée au animaux (fruits et lait) ne constitue pas 100% de leur alimentation, juste un complément alimentaire. En parallèle, les ONG qui gèrent les camps ont également des programmes de réhabilitations pour les animaux orphelins ou ayant été capturés à un moment donné.

Les deux premiers jours, tout se passe comme sur des roulettes. Nous faisons notre bout de chemin sur un bras de la rivière, en compagnie d'un autre couple italiano - espagnol super sympa.

Jour 1 : premier contact avec les animaux de la forêt

Notre premier constat est que notre cuisinier est au top : on mange comme des rois, puis on profite de la jungle qui nous entoure, bien installés sur le pont de notre klotok (bateau), le Mama.






A 12h30, nous arrivons au premier camp, assez en avance pour le nourrissage qui a lieu à 15h. Nous en profitons donc pour faire un tour dans le village juste en face. Il occupait avant l'emplacement actuel du camp, mais a été déplacé depuis sur l'autre rive !
Les habitants nous regarde du coin de l'oeil, c'est qu'ils en voient défiler du touriste (76 bateaux tournent sur la rivière pour des circuits comme le nôtre). Ils ont tous un oiseau en cage, et même un macaque tout au bout du village. Vive la zone protégée !




14h30, nos coeurs commencent à palpiter : nous sommes en avance au camp de nourrissage, seuls sur le site, notre guide Dian lance des cris pour appeler les orangs outans. Et ils ne se font pas prier. On aperçoit au loin les arbres qui se plient, signe que les habitants de la forêt approchent. Ils restent d'abord cachés dans les arbres, et descendent plus ou moins timidement à terre lorsque les rangers viennent apporter le festin. Les mamans et leur petit vont et viennent, méfiantes. Le gros mâle lui s'installe et se goinfre. Et un autre, mécontent de la présence de ces drôles d'humains, vient larguer une grosse chiasse au-dessus de nos têtes !






Chacun y trouve son compte, ici le scarabée que nous appellerons
"à caca", puisqu'il fait des boules avec les crottes d'orang-outan
et les emmène on ne sait où
On reste ainsi 1h, curieux et ébahis d'approcher de si près ceux que nous n'avions pu voir au parc Semmengoh en Malaisie.

Nous remontons sur le bateau heureux, et partons à la recherche des autres petits singes un peu plus bas sur la rivière : nasiques, macaques à longue queue, langur argentés, ils sont tous là.


Nasiques

Notre dîner à la bougie est un délice, et c'est en harmonie avec ce qui nous entoure que nous nous endormons sur le pont du bateau, où ont été installés matelas et moustiquaires pour la nuit.




Jour 2 : encore plein de belles surprises au fil des eaux

Mardi, deuxième jour, le plus riche du programme.
Le nourrissage au camp n°2 à 9h est une nouvelle occasion d'observer les orang-outans, d'encore plus près puisque la plateforme où est déposée la nourriture est à 5 mètres de nous.







Nous voyons notre premier vrai gros mâle dominant, repérable à ses gros disques faciaux, qui prennent cette taille lorsque le mâle prend le pouvoir. L'ancien mâle dominant doit alors s'exiler.

"Silence, je bois"

C'est mon bol !!
Encore une bonne heure passée sur place, avant que le bateau continue son chemin. Nous nous enfonçons dans un bras de rivière encore moins élargi, moment idéal pour guetter si un crocodile ne pointe pas le bout de son nez. Nous n'en verrons malheureusement pas, par contre un belle oiseau jaune et un serpent d'eau, tous deux aperçus très rapidement, sont au rendez-vous.



Alors que nous arrivons devant le troisième camp, c'est l'embouteillage. Tous les bateaux sont là, auxquels s'ajoutent les bateaux rapides venus à la journée, transportant principalement des groupes assez importants d'Indonésiens.
Nous posons ainsi le pied sur le dernier camp de notre programme, le plus important : le Camp Leakey.


Pour ceux que ça intéresse, vous trouverez l'histoire de la jeune femme primatologue qui l'a fondé dans les années 70 sur le Net. Le grand point positif est le petit centre d'information, qui explique les démarches de l'ONG, la vie des orang-outans, l'importance de la préservation de l'environnement.

Là, même pas besoin d'aller jusque la plateforme de nourrissage pour voir nos amis. Une femelle est en mode repos tout près de l'entrée.



Arrivés à la plateforme, pas mal de monde. Nous allons vivre un peu l'apothéose de ces deux jours, spectateurs d'une nature en pleine harmonie.

D'abord, les femelles orang-outans avec leurs petits arrivent, mais elles restent perchées dans les arbres, attendant on ne sait quoi.






La raison de l'attente se dévoile rapidement : le gros Tom, mal dominant de la zone, fait son entrée au sol, majestueux. La nourriture n'est pas encore là ... il s'impatiente ... et décide d'aller voir un peu plus loin ce qui se passe. Sauf que le un peu plus loin en question, c'est là où nous nous trouvons tous ! "Poussez-vous" indiquent les guides, place au roi de cette jungle.





Quand le repas arrive, il s'empresse de revenir, en sens inverse.

Au pied de la plateforme, des sangliers sauvages attendent que les bananes tombent pour se régaler. A défaut de toute la banane, ils se contentent des peaux que les orang-outans rejettent. Ces sangliers sont assez cinglés, car quand un orang-outans descend de la plateforme, ils lui courent après. Encore plus fou, les orang-outans en ont peur. Enfin sauf Tom, puisqu'il les dégage d'un coup de bras.


Soudain, un intrus surgit de la cime des arbres. "Un gibbon" s'écrit Lucie (c'est sorti tout seul, tellement étonnée). Son nom, Boy-Boy. Il vient piquer quelques bananes, s'incruste sur la plateforme bras levés, prend quelques fruit, et repart les déguster en haut de son arbre. Cet animal est véritablement majestueux, son balancement de branche en branche est élégant, ses longs bras le projettent loin.



Tout cela est magique. Une orang-outan nous raccompagne sur le ponton du retour du bateau, alors que des macaques suivent plus loin.



Cette journée aura été sensationnelle, tellement heureux d'être venus ici.



La "mauvaise surprise" nous attend sur le bateau. Notre guide nous apprend que finalement nous rentrerons le lendemain à 8h en ville, alors que nous étions censés avoir un bon 5h de navigation le lendemain matin. Raison de ce changement : l'agence de voyage Borneo Wisata (Borneo Holidays) a accepté un autre groupe le lendemain, et notre guide doit être rentré pour repartir avec eux. Traduction : l'agence, le guide se font payer double pour la journée du mercredi. S'en suit une bonne heure d'argumentation au téléphone avec la nana de l'agence, qui dément toute cette histoire, dit que c'est le guide qui a estimé pour des raisons de sécurité qu'on devait remonter la rivière. Du gros n'importe quoi, mais on finit par tomber d'accord : le guide et le cuisinier partiront en speed-boat à 6h30 le matin, et nous poursuivrons notre route jusque la ville sur le bateau sans eux. On a vraiment été déçus de cette mauvaise organisation, d'autant que l'on a payé très cher à 4 (prétexte que l'on a eu une bateau normalement pour 8 personnes, mais nous on n'avait rien demandé, et puis notre guide nous a fait comprendre que c'était quand même cher). 

Jour 3 : fin prématurée de la croisière et tour des environs de Kumai

Nous avons finalement grapillé deux heures de navigation le lendemain, mercredi, et rentrons au port de Kumai à 10h (ça reste bien moins que ce qui était prévu, juste sous prétexte qu'on a déjà visité le village le premier jour). En compensation du bazar de la veille, et sûrement pour nous dissuader de leur mettre un mauvais commentaire sur Tripadvisor, on nous fait faire un tour de la ville improvisé : visite de trois maisons Dayak, dont deux anciennes demeures du roi des environs. Le problème c'est que le guide ne connaît rien à l'histoire de ces endroits, donc on n'en apprend que peu de choses. On se fait aussi payer le déjeuner.





Finalement, nous sommes déposés à la gare routière. Deux heures d'attente pour embarquer dans le bus, direction Banjarmasin.

Conclusion sur le Tanjung Puting

Cette expérience était juste géniale, l'agence Borneo Wisata un peu moins car on s'est senti volé au final, et surtout ils se font une commission énorme sur le prix des voyages ...
A titre d'information, une croisière privative à deux en haute saison (juillet - août) en passant directement par un guide qui se charge de tout devrait coûter 5 200 000Rp pour deux, tout compris (selon ce que nous a décrit notre guide). Ce prix est plus que négociable en période creuse.
Par contre il vaut mieux réserver un peu avant en juillet et août car les guides sont vite pris d'assaut.

Les prix donnés dans le Lonely Planet, qui datent déjà de 2013, ne sont plus d'actualité.
Voici quelques prix actualisés donnés par notre guide :
  • Les prix d'entrée du parc coûtent 225 000Rp durant les vacances locales, 150 000Rp sinon
  • Location du bateau pour 3 jours : entre 750 000Rp pour un petit et 1 500 000Rp pour les plus gros
  • Le stationnement du bateau : 100 000Rp par jour
On ne sait pas par contre l'évolution des prix pour le guide, le cuisinier et la nourriture.

2 commentaires:

  1. Un grand bonheur....
    ça devait être magique !!!
    Bisous

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  2. Gros bisous. Votre blog est génial. Sylvie séjourné

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