mardi 9 juin 2015

Jour 249 à 253 : milliers de temples et visages tatoués - Bagan / Mindat (26 au 30/05)



De la folie des temples de Bagan aux paysages reculés des montagnes de Mindat, la Birmanie nous réserve encore de belles surprises !


Temples à perte de vue à Bagan (26/05)

Comment présenter Bagan : parmi les différents hommes qui ont gouvernés les royaumes locaux, les rois qui régnèrent ici ont eu le sens de la démesure. Du XIème au XIIIème siècle, ce sont des milliers de temples et pagodes qui ont été construits ici. Ceux en bois ont depuis disparu, mais ceux en pierre ornent encore le paysage, bien que dégradés par le temps et les différents tremblements de terre et séisme (le dernier en 1975) qui ont frappés la région. Le gouvernement des dernières années a mis un point d’honneur à restaurer et préserver cet héritage, parfois en reconstruisant des temples sans tenir compte des méthodes de l’époque (ce qui a été critiqué).

Mardi 26, 3h30 : notre bus s’arrête. « Bagan ! » crie le gars du bus. C’est pas comme si on était en pleine nuit. Après la clim à outrance qui nous a frigorifiés dans le bus, nous passons à un air bien trop chaud pour une heure si matinale. On se rend vite compte, en parlant avec la masse d’hommes qui chacun nous propose de nous emmener en ville, que nous ne sommes pas à la gare routière du centre, mais à la nouvelle installée à plus de 5km de la ville, Nyaung U. Pas très réveillés, on tente de trouver le moyen de locomotion le moins cher. Ce sera finalement une calèche (7 500K pour trois personnes, 6 000K pour deux). Des tuk-tuk collectifs traînaient aussi dans le coin, mais on n’a pas trop cherché.

Le cheval fait son bout de chemin, jusqu’à ce que nous soyons arrêtés en route par un homme dans une guitoune. Un panneau en anglais annonce la couleur : 20$ de droit d’entrée pour les étrangers, non négociables (« si vous ne payez pas, vous pouvez retourner à la station de bus »), permettant de visiter librement les temples pendant une semaine. Dans les faits, ce ticket ne nous sera demandé que dans un seul temple par la suite, mais bon sans ça, on restait bloqués là.

Nous repartons au bruit des sabots du cheval, et tout d’un coup, coupure de courant. A partir de ce moment là, le cheval va faire des siennes pour avancer. Finalement, nous arrivons dans les premières rues de Nyaung U à 4h30. Les hôtels sont fermés, mais notre pilote de calèche va frapper aux portes pour les réveiller. Les Eden Motel (au nombre de 3) sont les premiers établissements que nous croisons, et on n’ira pas plus loin, dégotant une chambre avec clim (indispensable, il fait déjà 35°, et le soleil ne s’est pas encore levé) pour 20$ (par contre pas de fenêtre). Le gérant, à peine réveillé, nous laisse poser nos bagages, et nous repartons aussitôt sous peine de devoir payer la chambre pour la nuit en cours.

Il est 5h, l’occasion idéale de partir en vélo (1 000K) admirer le lever du soleil sur la vallée des temples. Et nous voilà en route, bien crevés mais excités de mettre une image sur ce site tant attendu. L’idée, suive la Main Road, et bifurquer sur les chemins en terre qui mènent aux différents temples et pagodes.
L’entrée à un grand temple nous est refusée « Ca ouvre à 6h », nous lance un homme « aller un peu plus loin, vous pourrez voir le soleil se lever ». Et effectivement, un peu plus loin, nous tombons sur une pagode, avec vue fort sympathique sur l’étendue des environs.





Juste pour information, on ne se souvient pas des noms des temples et pagodes ! :-(





Nous continuons d’arpenter les chemins, descendre de vélo pour visiter ce qui se présente sur notre chemin avant de remonter en selle. Pour la première fois depuis le début de notre voyage au Myanmar, on se retrouve souvent alpaguer par des vendeurs de tout et n’importe quoi, adultes et enfants, un peu fatigant, même s’ils ne sont jamais très insistants.







Nous passons ainsi 5h à pédaler, et très vite, on se rend compte que prendre un vélo électrique aurait pu être une excellente idée, vu la chaleur et notre état physique … avis aux voyageurs dans la région !

11h, nous rentrons à l’hôtel, il est temps de finir notre nuit dans la fraîcheur de la chambre climatisée. Alors que nous émergeons quelques heures plus tard, on se rend bien compte que nous ne pourrons plus être très actifs pour le reste de la journée, il fait plus de 45° dehors, et on se traîne rien que pour faire 500m de vélo pour aller manger. On se force quant même à faire un petit tour en ville, le temps de tomber sur un terrain de foot sur-peuplé : un match doit se jouer dans la journée, mais personne n’est capable de nous dire à quelle heure ! On attend 30 minutes, et finissons par partir, juste au moment où les joueurs arrivent : moment assez fou, tout le monde rentre et sort du stade, y-compris le bus des joueurs qui a décidé d’amener les joueurs directement sur le terrain et non pas sur le parking. Le gros bordel ! On met bien 10 minutes à sortir de là-dedans.

La conclusion de cette journée : Bagan est un endroit magnifique, que nous avons préféré vu de haut, l’architecture et la décoration même des monuments nous a paru un peu fade après avoir vu les temples d’Angkor au Cambodge. Peut-être sommes-nous passés à côté du charme des lieux, à cause de la fatigue et de la chaleur. Nous décidons donc de partir dès le lendemain matin, à la recherche de nouveau de la fraîcheur des montagnes.

Nous finissons néanmoins cette soirée par un dîner dans LE restaurant italien de la ville, le San Kabar Restaurant, tenu par des Birmans : accueil des plus chaleureux et attentionnés, service irréprochable et bonne pizza (un peu petite).

La beauté insoupçonnée de l’Etat Chin  - Pakokku / Mindat (27 au 31/05)

Mercredi 27, nous prenons notre petit-déjeuner à la terrasse sur le toit de l’hôtel. Un fort bruit de musique provient de la rue : c’est une sorte de défilé / procession, apparemment les jeunes hommes vont se faire moines quelques temps, certains y trouveront peut-être une vocation (passage obligatoire dans la vie des hommes bouddhistes ici).

Nous partons peu de temps après, et nous rendons au carrefour près du marché. Plusieurs pick-up collectifs attendent ici, dont celui qui part soit-disant toutes les heures, en vérité quand il y a assez de monde (soit 10h30 dans notre cas), en direction de Pakokku (3 000K, un peu cher pour 1h de trajet), étape obligatoire à notre connaissance pour partir au cœur de l’Etat Chin à l’Ouest.

Pakokku, ville au bord de l’Ayeyarwady, voit bien peu de touristes passer. C’est une ville de province ordinaire, assez étendue, mais dont le cœur se concentre comme bien souvent autour du marché, là justement où le pick-up a son terminus. Pour ce qui est des hébergements autorisés pour les étrangers (les hôtels et guesthouse doivent avoir une licence particulière dans tout le pays), il y en a quelques-uns, mais sans carte de la ville pour nous aider, difficile de les localiser. Nous nous en remettons donc au Lonely Planet, qui fait l’éloge de la guesthouse Mya Mya. Des trishaw (vélos-porteurs) rôdent autour de nous, et nous demande 1 000K pour nous emmener jusque chez Mya, apparemment à 2 miles (restes de la colonisation britannique, beaucoup parlent encore en miles et non en km) de là. Bon en fait, c’était à 5 minutes à pied en s’éloignant de marché vers le fleuve ! Et ces messieurs ne vont pas hésiter à demander une petite com’ à Mya, la proprio de la guesthouse pour nous lui avoir amenés des clients.

La guesthouse de Mya est disons … très rustique. Le ménage ne semble pas être le point fort de la maison. Les chambres doubles vont de 20 000 à 30 000K, nous négocions la nôtre avec clim à 25 000K, petit déj inclus. La douche dans la chambre correspond à un minuscule filet d’eau. On avait jusqu’alors payé nos chambres cher dans le pays par rapport au reste du voyage, et on y trouvait une justification, mais là, c’est clairement sur-tarifé.

La gentillesse de la patronne et de sa fille est claire, nous resteront malheureusement sur un mauvais point, en nous rendant compte du profit qu’elles se font sur la vente des tickets de bus pour Mindat, village dans l’Etat Chin. La fille de Mya nous propose à 10 000K un billet pour un soi-disant mini van. Quant à nous, on cherche les billets à 5 000K, pour un bus dont on a entendu parler sur un blog - que l’on peut acheter soi-même à l’extrêmité de Monya Road (petite rue sur la droite, un peu avant le terminal principal des bus), mais ça on ne le sait pas encore. Lorsque l’on parle de ce bus à la fille de Mya, elle prétend ne pas le connaître.

On refuse son billet, sachant que l’on peut l’avoir pour moins cher. On va passer 3h, en plein soleil, à chercher la fameuse billetterie où acheter nous-même le billet pour Mindat, sans jamais la trouver : tous les habitants que l’on croise n’en ont aucune idée, ils ne savent pas de quel bus on parle … Un homme parlant bien anglais finit par nous aborder (on devait avoir des têtes de désespérés), et bingo, son frère sait de quel bus il s’agit. Il nous fait un plan sur un papier, pour que nous puissions nous y rendre le lendemain (il a appelé le bureau pour qu’ils nous gardent des places). Ce qui nous étonne un peu : le bus part à 5h … étrange, on avait entendu dire que c’était à 7h30.

La journée est déjà bien avancée. En fin d’après-midi, nous nous baladons dans les rues autour de chez Mya. Plein de gens viennent nous saluer, nous font coucou de la main, on se demande comment on peut autant faire la tête chez nous alors qu’ici, tout le monde est si généreux et garde la joie de vivre.
Nous passons la soirée en compagnie de Roman et Laura, qui eux aussi partent pour Mindat le lendemain, et seront nos compagnons de voyage pour les prochains jours.

4h30, jeudi 28 : Mya nous a préparé un œuf dur chacun et quelques tranches de pain de mie. Nous voici dans les rues non éclairées de la ville, en quête de notre fameux bus pour Mindat. Il est tôt, mais déjà les habitants émergent, la prière en provenance du temple retentit dans des haut-parleurs, chacun essaie de profiter des rares instants de la journée où le temps reste supportable.

25 minutes de marche, on n’est toujours pas arrivé. Les personnes à qui l’on montre notre plan dessiné la veille nous disent qu’il faut bien continuer tout droit. Seul problème dans ce pays, la notion du temps et des distances est parfois aléatoire. Un chauffeur de tuk-tuk finit par avoir pitié de nous, avec nos gros sacs, et nous emmène à l’adresse indiquée gratuitement !

5h du matin, nous sommes déposés devant un maison, dont la cour est fermée par un grand portail. On aperçoit bien un bus derrière. Au bout de 15 minutes, une femme nous aperçoit et vient nous ouvrir. Elle nous invite à entrer et nous sert de la mangue. « A quelle heure part le bus ? » risque-t-on. « Entre 7h et 8h ». C’était sûr, on nous a encore donné un horaire à la noix. Attendre dans le chaud, entourés de mouches, crevés : quel bon début de journée. Et quand on voit l’état du bus qui va nous transporter, on sait que ça va être dur : le bus fait également office de transport de marchandises. Il y en a partout, dans les allées, sous les sièges, au pied des sièges, PARTOUT !

A 6h, un mouvement s’amorce. Le chauffeur vient d’arriver, et on est toujours les seuls personnes à attendre le départ du bus. Un homme nous fait signe que l’on y va. Chouette, on part plus tôt que prévu ! Faux espoir, le bus s’arrête 500m plus loin, à la vraie « station » de bus, c’est-à-dire la cour de chez quelqu’un. Le chauffeur vient nous voir « Je vais prendre mon petit-déjeuner ! ». Et bien bon appétit, nous on va continuer à poireauter J. Un jeune homme de la maison agrémente ce temps d’attente en discutant avec nous : parfois difficile à comprendre, il nous explique qu’il est originaire de Mindat (il est donc Chin, nom de l’ethnie locale), son père est décédé, et c’est sa mère qui se charge de l’organisation des bus pour Mindat. Il nous fait écouter différentes musiques. Il a à peine 20 ans, et les dents déjà pourries et toutes rouges, à force de mâcher des feuilles garnies de noix de bétel.

7h : nous voyons débarquer, Laura et Roman ! Ils ont acheté le billet à la fille de Mya, vous savez celui à 10 000K pour un mini-van. Quelle belle arnaque !

7h40 : on part enfin !!!! Allez, plus que 6h30 avant d’arriver à Mindat, sur une route qui la plupart du temps ne compte qu’une voie, et qui très vite prend la forme de lacets dans la montagne. Klaxon obligatoire pour signaler son arrivée aux véhicules en face. On est bien sûr très mal installés dans le bus, une journée mémorable.

A l’entrée de Mindat, le bus est arrêté à un poste de contrôle. La région, comme beaucoup d’autres états ethniques du pays, est très contrôlée, et ouverte depuis peu aux étrangers. Dans certaines régions, des groupes ethniques armés combattent l’armée gouvernementale, demandant leur indépendance, ou du moins la liberté d’exploiter leurs terres à souhait plutôt que l’Etat ne s’approprie toutes les richesses du sol du pays. Les 4 blancs que nous sommes sont invités à descendre. On s’interroge un peu : vont-ils nous demander de l’argent, nous refuser l’accès à la ville, … Non, pour l’instant ils se contentent d’inscrire les informations d’un seul des 4 passeports sur un formulaire, avant de nous dire de remonter dans le bus. On repart, pour s’arrêter de nouveau 300m plus loin : bureau de l’immigration ! Un sympathique homme du bus qui parle anglais nous accompagne, et s’occupe de remettre nos passeports à un mec qui est assis derrière un bureau. Pendant les quelques instants que prend l’analyse de nos passeports, on papote avec un homme plutôt sympathique. On repart de là avec un papier que l’on devra remettre à notre hôtel. Bon finalement, on s’en sort pas si mal que ça !

14h15 : ça y est, on est à Mindat !

Construite à flanc de montagne, la ville s’étend sur plusieurs kilomètres, le long de la grande route qui est d’ailleurs en cours de réfection. En contrebas, partent des petits chemins en terre, vers des maisons un peu plus reculées.

Le bus s’arrête sur une sorte de place, là où se tient également le marché, et la guesthouse Victoria, la moins cher de la ville (10 000K par personne, douche glacée, sans petit-déjeuner ni Internet bien évidemment, puisqu’il semble que l’Internet ne soit pas arrivé jusqu’ici, si ce n’est sur les téléphones portables des locaux de temps en temps). Trois autres hôtels / guesthouse sur la route avant d’arriver au marché proposent des chambres simples à 20 000K et doubles à 30 000K, chose que nous découvrons en repartant nous renseigner à pied. Un pasteur nous aperçoit avec nos gros sacs, il connaît une guesthouse de l’autre côté du marché et propose de nous y emmener. C’est donc repartir dans l’autre sens, toujours avec nos sacs, et comme nous sommes en montagne, et bien les routes ne sont pas plates !!!

On discute avec lui le chemin faisant : rencontrer un pasteur au Myanmar, c’est pas si courant que ça, jusqu’à ce qu’il nous apprenne qu’il y a au moins 12 églises dans le village !!! Ici, plus de 80% de la population est chrétienne, résultat des missions envoyées au début du XIXème siècle par les Français et les Anglais dans la région. Ca nous en bouche un coin.
Histoire d’agrémenter cette marche déjà pas facile, la pluie arrive. Et chose magnifique, un homme nous invite à rentrer nous abriter dans sa boutique, on sera donc resté moins d’une minute à prendre l’eau. On ne verrait décidément jamais ça chez nous. Il nous invite à prendre le thé et très vite nous demande s’il on est chrétien. Ici la question ne semble pas être un tabou. On explique tous les 4 que l’on est pas pratiquants, voire non croyants, et on voit sur leur visage que ça leur paraît un peu bizarre : comment ne peut-on croire en aucun Dieu ?
Le proprio de l’hôtel que l’on cherchait est un ami de la maison, et un coup de fil nous apprend que les prix sont au-dessus de nos moyens (entre 30 000 et 40 000K la double).

Ce sera donc chez Victoria, maison en bois soit dit en passant assez charmante. 


Contre toute attente, ce tour des hôtels nous a fait prendre conscience que pas mal d’entre eux étaient presque plein, non pas du fait des étrangers mais des locaux (qui à notre avis ne sont pas vraiment ici en vacances mais plutôt pour des affaires professionnelles). Dans tous les cas, le pasteur nous aurait trouvé une place où dormir dans l’école attenante à son église si on n’avait pas eu d’autre choix.

Le ton est donné : notre séjour ici sera placé sous le signe de l’hospitalité.

Pendant ces quelques déambulations, nous avons déjà aperçu des femmes tatouées au visage, comme le veut la tradition chin, mais nous y reviendrons plus tard.

Le soir, pas d’électricité dans la ville, si ce n’est dans les maisons et établissements disposant d’un groupe électrogène, en l’occurrence pour notre hôtel un générateur qui fonctionne à l’essence et fait un potin d’enfer, juste en bas de notre chambre … heureusement, ils l’arrêtent vers 23h. Autre surprise pour cette première nuit, le cafard qui courait sur les murs et que l’on a dû attraper dans une boîte pour tenter de passer une nuit sereine. Ce fut une réussite, mais la nuit ne fut pas sereine pour autant : vers 4h, on entend un bruit de sac plastique et de grattement sur le plancher. Une bête non identifiée essayée d’attraper un sac plastique à travers notre plancher. Sympa …

Vendredi 29 : l’heure est venue de partir à la découverte des alentours.
Nous partons d’abord en direction du monastère que l’on aperçoit au loin depuis l’hôtel, perché sur une colline, en suivant la grande route.





On s’écarte ensuite de l’axe principal, et descendons en contrebas de la montagne. Et là, c’est juste magique. La réaction des habitants en nous voyant est assez marrante : la plupart, comme à leur habitude, sont tout sourire ; d’autres ont l’air un peu plus étonnés, sûrement peu habitués à voir des touristes blancs devant leur porte.

Les garagistes, entre 8 et 10 ans !


Euh, qui peuvent bien être les VIP, en pleine cambrousse ?
Là encore, nous croisons de nombreuses femmes tatouées, toutes âgées, au visage la plupart du temps assez dur. Les prendre en photo nous semble déplacé, nous les regardons juste en coin, ne souhaitant pas qu’elle ressente trop notre regard.
L’une d’entre elle acceptera de se faire photographiée, tremblante (émotion, peur, nous ne saurons pas), après que nous ayons joué au jeu des coucous avec sa petite fille.


En chemin, une femme nous invite à nous asseoir chez elle : les enfants du coin semblent être rassemblés là pour regarder la télé, on n’arrive pas trop à communiquer avec elle, donc on se regarde, se sourit, des moments simples. On voit que ce n’est pas une maison riche, à l’habit des enfants, mais elle nous offre un jus de fruit, refusant qu’on la paye.


Sur la route du retour à l’hôtel, une petite fille prend Lucie par la main. Avec deux autres gamines, elles nous ramènent jusque la route principale, au cas où nous aurions été perdus.

Nous retrouvons Roman et Laura en fin d’après-midi, dans l’optique d’essayer d’aller saluer le pasteur qui nous a aidé à trouver un hôtel la veille. Il y a tellement d’églises qu’on ne sait pas laquelle est la sienne.
On rentre dans la cour de l’une d’elles au hasard, la "Church of Most Sacred Heart of Jesus", rien que ça.


Ce choix va être le début de moments inoubliables. Arrivés en haut de la petite côte, sur le parvis, nous apercevons un groupe de plusieurs femmes tatouées, accompagnées d’une jeune femme qui semble les guider. Elles sont magnifiques, les tatouages sur leur visage ne sont pas identiques, marques d’appartenance à des villages différents. 
On les observe de loin : obtenir un contact, et peut-être une photo avec ce joli groupe serait tellement bien ! On les suit un peu. Et là, elles viennent toutes vers nous, nous serrer la main, tout sourire. On se regarde tous les 4, ébahis, et finalement on ose demander à la jeune femme, humblement : « peut-on prendre ces dames en photo ? ». Elle les consulte, et on comprend qu’elles n’acceptent pas la photo sans l’aval du prêtre. Ca tombe bien, voilà que Mon Père sort de l’église. Il vient à notre rencontre, nous saluer. On lui demande pour la photo. Et il donne son OK aux femmes.
La jeune femme dirige alors toutes les mamies devant la statut de Jésus, les organise, leur indique la pose à prendre. Une vraie photo de classe, et pour nous un souvenir pour très longtemps.

On leur montre le résultat de la photo, certaines rigolent, d’autres refusent de regarder. Peut-être à cause de superstitions.

Ces femmes sont sûrement la dernière génération à afficher ces tatouages. La légende dit que les femmes chin commencèrent à se tatouer à l'époque où un seigneur de la région volait les plus belles filles. Aujourd'hui, on nous a raconté que le gouvernement a interdit aux femmes de se faire tatouer le visage, pour que l'ethnie ne marque pas sa différence.

Ces dames s'en retournent vers leur village, et le prêtre nous invite à visiter l'internat pour garçons qui est à côté de l'église. Nous avons compris de nos discussions avec différents hommes de foi durant notre séjour que beaucoup d'églises accueillent également dans des internats de fortune les enfants des villages éloignés. Ils sont nourris et vont à l'école publique dans la ville la journée, les villages sont trop éloignés pour faire l'aller-retour tous les jours. Accessoirement, cela permet aussi de recruter de futurs prêtres ...

Mr le prêtre nous invite à rester pour le repas, s'excusant par avance de la modestie de celui-ci. On accepte l'invitation, et on s'attend à avoir du riz et de la soupe pour le dîner, soit le même repas que les enfants de l'internat. Mais pas du tout ! On va déguster pas loin de 6 ou 7 plats différents, à base de viande, pomme de terre, oignons, tomates, et pour couronner le tout : Mon Père va chercher une bouteille de vin que quelqu'un lui a offert ! Si ça c'est pas du repas !!!!

Une soirée de discussions diverses et variées s'en suit, et nous sommes conviés à revenir le lendemain pour le petit-déjeuner. Quelle journée ...

Samedi 30, grand élan de motivation. Nous nous levons à 5h15 pour assister à la messe de 6h dans l'église où nous avons été si bien accueillis la veille. On fait un petit tour par le marché avant, histoire d'acheter riz, oeuf et tomates pour faire un don à l'église.


La messe est dite en anglais et en birman (parfois aussi en chin paraît-il), et nous revoyons certaines des mamies, ainsi qu'une jeune professeur rencontrée la veille, qui veut ouvrir un internat pour filles en association avec le couvent. Nous pensions y trouver aussi Mr le Prêtre, mais pensez-vous, il dort encore ! La messe est dite par un autre jeune prêtre.
Le petit-déjeuner sera une nouvelle démonstration des talents de cuisinières des femmes qui sont derrière les fourneaux.

Alors que Roman et Laura nous quittent pour de nouvelles contrées dans la matinée, nous passons la journée à ne pas faire grand chose, la pluie n'aidant pas non plus à se motiver. Nous regardons l'avancée des travaux de réfection de la route principale : tout est fait à la main, et bien souvent par des femmes ...



Pour notre dernière soirée, nous allons à la Myanmar Beer Station (bâtiment bleu), seul endroit où il se passe un peu quelque chose ici après 19h. Un homme, qui a descendu déjà quelques verres, se présente à nous comme un journaliste en formation, et commence à nous parler du problème des Rohingyas, ethnie musulmane persécutée au Myanmar, et grand sujet tabou. Au bout de quelques minutes, un autre homme vient le chercher et l'enjoint à vaquer à d'autres occupations, prétextant auprès de nous qu'il est attendu pour une réunion ... à 20h, on y croit tous ! La liberté de parole serait-elle encore un peu arbitraire?
Notre dernière nuit se passera avec la visite d'un nouveau cafard, mais aucune bête ne voulant manger nos sacs plastiques : il y a du mieux !

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