Passage éclair à Kratie
Samedi, rdv à 11h15 au bureau de la compagnie Phnom Penh Sorya pour prendre le bus qui nous emmènera à Kratie (5$). On part finalement 1h plus tard (normal) et atteignons Kratie vers 16h. Le bus nous dépose le long du Mékong, près du centre et des guesthouses.
La ville de Kratie est connue ici pour les quelques dauphins de l'Irrawady présents dans les eaux du Mékong. Cette espèce présente en Asie du Sud-Est et au Nord de l'Australie est menacée, et nombreux sont ceux qui viennent ici pour tenter de les apercevoir.
Un bon sac plastique pour éloigner les mouches |
Ce n'est pas notre cas, nous aurons l'occasion d'essayer de les retrouver au Laos. Et puis il faut se lever aux aurores pour tenter de les voir, et on a la flegme !
Ici on s'attend à retrouver la douceur de vivre de Kampong Cham. Malheureusement, le charme de Kratie ne nous frappe pas et à peine arrivés, on a presque déjà envie de repartir.
Nous trouvons une chambre proprette au U Hong 2 (7$ la double avec sdb et eau chaude). Gros avantage : le wifi fonctionne extrêmement bien. Inconvénient : un peu bruyant et proprio pas au plus haut de la sympathie cambodgienne (ce sont des Chinois, ceci explique peut-être cela ...).
Dimanche, destination l'île de Koh Trong. Le petit bateau pour s'y rendre (0,5$) part ... quand il a envie dirait-on??? Il a beau être plein, on attend 30 minutes ;-)
La traversée est rapide, et on se rend compte une fois de plus à quel point le Mékong est bas en cette saison grâce aux énormes bancs de sables qui précèdent le chemin de terre qui nous permet de "grimper" sur l'île.
De là nous louons un vélo des années ... 70 (1$) ??? On aurait pas fait 20 bornes avec ça. Les habitants de l'île semblent avoir disparu, on en croise tellement peu. Contraste avec l'île de Koh Pen où nous étions il y a quelques jours. En 1h, l'affaire est réglée, et nous revoilà sur le bateau pour regagner la terre.
Le soir, la ville est plongée dans le noir. Si ce n'est la grande fête de mariage qui a pris place à la station de taxis, il ne se passe pas grand chose.
Un jour et demi ici, cela aura été suffisant pour nous.
Notons les deux endroits où nous avons bien dîné le soir : un stand de viande grillée, à quelques pas du marché (un monsieur âgé et sa femme étaient aux petits soins pour nous), et le Tonlé restaurant à 15 minutes de marche du centre. Ce dernier sert de centre de formation pour des jeunes, le service est impeccable, et nous avons pris le menu à 6,5$ (entrée-plat-dessert). On est sorti de là plus que repus !!!
Chevauchée épique vers Banlung
L'aventure redémarre lundi matin.
Le moyen conseillé pour rejoindre Banlung est le confortable gros bus qui part une fois par jour, à 13h. Sachant qu'il faut 6h pour arriver à Banlung, on décide de prendre un mini-bus en début de matinée (8$). Le gars de l'hôtel nous avait prévenu : c'est un mini-bus local, vous serez serrés.
T'inquiète, on gère !
A 8h, le dit mini-bus vient nous chercher à l'hôtel. Il peut contenir 14 personnes avec le chauffeur. Sous les banquettes, des énormes sacs de feuilles nous obligent à avoir nos jambes collées à notre poitrine une fois assis. Le mini-bus fait 1km, et s'arrête pendant 1h à la station de taxi. On attend patiemment ... Quelques passages montent, des sacs de feuilles sont accrochés à l'arrière du bus.
9h, nous voici enfin partis. Pendant 1h, on roule, plutôt bien installés puisqu'il n'y a presque aucun passager. Jusqu'à ce petit village perdu, où 15 personnes grimpent à bord. Car il s'agit bien de grimper ! Pour atteindre la rangée arrière, les gens doivent monter par les fenêtres !!!!
On a dû embarquer tout le village à bord du bus. Le chauffeur est même obligé de partager son siège avec quelqu'un. Comment fait-il pour conduire comme ça, sur des routes défoncées ????
Nous sommes à présent 24 dans le bus, soit 10 de plus que le nombre de places ... normal.
Les passagers du bus nous regardent en se marrant, ils doivent se demander ce qu'on fout là.
Au barrage de police, nous passons sans problème. Tout est normal voyons !
Nous arrivons à 14h à Banlung. On n'oubliera pas cette folle expédition de si tôt.
Les tréfonds du Nord cambodgien
Le Banlung Balcony, guesthouse charmante au bord du lac de la ville, nous charme tout de suite. Un peu éloignée du centre (15 minutes à pied), elle bénéficie d'une superbe vue sur le lac, le bar-restaurant est super sympa, et les chambres sympa et pas chères (à partir de 6$ pour une double).
De là, nous nous rendons au Département de l'Environnement (à 15 minutes lui aussi à pied). C'est de là que s'organisent les treks dans le Parc national des Virachey. Les guides sont des rangers. Le bureau ferme à 17h, et nous y sommes à temps pour réserver un trek de deux jours / une nuit pour le sur-lendemain (mercredi), 186$ à deux. L'un des rangers est présent et répond à nos questions. Il est sympathique, espérons que celui qui nous accompagnera le sera aussi.
Nous profitons de la fin de journée pour nous remettre de notre transport tumultueux de la journée.
Mardi, les choses sérieuses commencent. Pas encore le trek, mais une partie de vélo (bien vieux ceux-là aussi) en direction du lac Yeak Lom (1,5$ le droit d'entrée). Ce lac prend place dans un cratère, et est un petit paradis pour la baignade et la flânerie, bien méritée après les 10 km de vélo (ça monte pas mal parfois). On y passe la journée avec Valentin et Roman, rencontrés sur place.
Pour déjeuner sur place, comparez bien les prix des deux restaurants situés à l'entrée de la zone. L'un est hors de prix, l'autre bon marché.
Mercredi, le jeune Simphoni (on s'excuse d'avance des potentielles fautes dans son nom), 29 ans, ranger depuis 7 ans, nous retrouve à l'hôtel à 8h30.
Bonne surprise, alors que nous étions supposés faire les 50 kms pour rejoindre l'entrée du parc en moto, Simphoni nous emmènera à bord d'un 4x4.
La première étape de cette excursion de 2 jours est le passage en ville pour acheter les vivres.
Cela ne fut pas de tout repos. En descendant de la voiture, Nico fait tomber un homme en moto en ouvrant la porte de ... 5 cm. Etrange tout ça. Sauf que l'homme en question reste là par terre, à se tordre en 2. En 1 minute, 20 ou 30 hommes sont là autour de nous, à s'apitoyer sur le sort de leur ami effondré là et de sa moto.
Ça pue l'arnaque à plein nez. L'objectif de cette mise en scène, nous demander ... 50$ !!!!
Simphoni, désolé pour nous, fait office de médiateur. On reste calme. Les minutes passent, l'attroupement autour de nous grossit. Simphoni nous fait comprendre qu'il faudra finir par lâcher car sinon on ne partira jamais. Les hommes nous menacent d'appeler la police. Pas de problème, allez-y ! Bien sûr, ils ne le font pas. On leur dit que l'on a bien compris que notre couleur de peau, synonyme d'argent, est la raison de tout ce cinéma. On se met finalement d'accord pour un paiement de 25$. 2 minutes plus tard, il n'y a plus personne. Le "mourant" est remonté sur son bolide, intacte.
Y'avait pas grand chose à faire ...
Le lieu du drame |
Bref, on reste positif, notre objectif du jour c'est la jungle. Deux Allemands dans leur cinquantaine se joignent à nous.
A 12h, nous arrivons à Ta Veng, ville faisant office de poste de rangers. Nous déjeunons rapidement, puis montons à bord de petites embarcations à moteur, flottant au ras de l'eau, direction un village.
Nous y récupérons notre deuxième guide : Pat, 52 ans, porteur d'une histoire lourde. En 1975, il a fui au Vietnam pour échapper aux Khmers rouges. Sur son bras, un numéro tatoué à cette époque par les Vietnamiens, sûrement pour identifier les immigrants cambodgiens. Il ne parle pas anglais mais livre ses confidences soit en dessinant dans la terre, soit par l'intermédiaire de Simphoni.
Mr Pat |
Simphoni lui parle super bien anglais, et est assez ouvert d'esprit pour nous parler de sa vie et de la société cambodgienne : son passé de moine, lorsqu'il avait entre 14 et 18 ans, sa vie de ranger et ses conditions de vie (économiques et familiales), la prostitution au Cambodge, ...
Une vraie mine d'or pour nous. A titre d'information, il gagne 80$ par mois pour passer des jours entiers dans la jungle. Son activité de guide lui rapporte un salaire de 3$ par jour d'excursion. Ça fait réfléchir ...
Ces deux jours nous procurent de beaux moments. A défaut d'animaux (les éléphants se cachent bien loin), la nature qui nous entoure est belle. Pat nous trace un chemin avec sa machette. Malheureusement, les plantations d'hévéas menacent tout cela, puisqu'il est bien plus rentable de raser des bouts de forêt pour y planter ces arbres à caoutchouc que de la préserver.
Simphoni |
Que de bons souvenirs nous garderons également de ces deux jours.
Vendredi, on ne fait rien, si ce n'est acheter des sacs à dos de taille moyenne "The North Face" près du marché pour nos petites excursions, car nos petits sacs décathlon sans renforts pour le dos ont révélées leurs limites.
Demain samedi, le Laos nous attend !
Le Cambodge aura su nous révéler toute sa beauté, humaine et naturelle. Nous retiendrons particulièrement les sourires des enfants (et des plus grands), les merveilles des campagnes, et l'histoire tragique de ce peuple qui se relève comme il peut, sur un fond de politique toujours aussi corrompue.
C'est merveilleux, de belles images qui nous transportent, et ces visages d'enfants...
RépondreSupprimer