Il nous aura fallu trois semaines pour ajouter les photos à cet article et pouvoir le publier ... Merci l'Internet birman ! Les autres suivront ... dès que possible :-)
Mardi 12, la navette pour l’aéroport de Don Mueang, à
Bangkok, nous attend à 6h00 sur Samsen Soi 2 (130B). Très tôt direz-vous !
Mais sachant que l’on a passé une nuit horrible dans notre hôtel (Amazing House
pour ne pas le citer, tout sauf Amazing avec une chaleur démentielle, à dormir
sur des ressorts) et qu’à 4h30 nous avons fui les lieux, cette navette
climatisé était pour nous une providence. 50 minutes plus tard, nous voilà
patientant que l’enregistrement pour notre vol ouvre.
11h, c’est pas les
airs que nous quittons cette chère Thaïlande, impatient de voir ce qui nous
attendons à quelques centaines de kilomètres à l’Ouest.
Nous survolons les terres birmanes, que l’on aperçoit
difficilement à travers la nappe de brume de chaleur.
12h30, Mandalay. Nous avons gagné 30 minutes par rapport à
la Thaïlande, et avons maintenant 4h30 de décalage horaire par rapport à la
France.
Mandalay a beau être le deuxième ville du pays, l’aéroport
n’est vraiment pas grand. Charmant sourire de la douanière à qui nous
présentons notre lettre d’approbation pour le visa achetée sur Internet (visa à
l’arrivée, 50$), et en quelques minutes, notre passeport est tamponné. A nous
d’optimiser les 28 prochains jours !
Rappel du contexte du
Myanmar
Encore appelé Birmanie il y a quelques années, le Myanmar a
retrouvé son nom d’autrefois il y a peu. D’abord dirigé par des rois, le pays a
été une colonie britannique avant de retrouver son indépendance en 1948. Après
10 ans avec les socialistes au pouvoir, les généraux ont mis la main sur le
pouvoir. De 1962 à 2010, ils contrôlent d’une main de fer le pays. D’abord
interdit aux étrangers, le Myanmar s’est ouvert progressivement, et petit à
petit, l’opposition politique a réussi à se faire une petite place dans le
paysage, notamment sous le nom d’Aung San Suy Kyi. Cette birmane, partie en
Angleterre pour ses études et mariée par la suite à un Anglais, a décidé de
revenir dans son pays d’origine pour faire entendre les voix du peuple
martyrisé. Assignée à résidence de manière plus ou moins prolongée entre 1989
et 2010, elle occupe depuis un siège au Parlement. En 2010, les premières
élections organisées ont vu la victoire du parti dérivé de la junte militaire,
la majorité des opposants ayant été emprisonnés et relâchés uniquement après
les élections. Malheureusement, les généraux conservent encore aujourd’hui les
rênes du pouvoir, laissant une piètre place à l’opposition. Malgré tout, la
liberté de parole s’installe peu à peu, même s’il reste évidemment plus que
dangereux de manifester publiquement contre le pouvoir en place. En attendant,
de nombreux conflits internes demeurent, notamment liés aux différents groupes
ethniques qui sont en guérillas contre le pouvoir militaire pour le contrôle de
leurs terres, aux conflits religieux (développement d’un extrémisme bouddhique
fort à l’encontre des musulmans, non reconnaissance de la nationalité birmane à
la communauté musulmane des Rohingya) et à l’exploitation des ressources
naturelles. Bien qu’extrêmement riche en ressources (rubis et autres pierres
précieuses, teck, gaz, pétrole), la population birmane est la plus pauvre
d’Asie du Sud-Est. Certaines régions restent interdites aux touristes ou
soumises à l’obtention d’un permis long à obtenir : protéger les étrangers
des conflits armés ou masquer l’exploitation humaine qui a lieu dans ces
régions ?
Une porte s’ouvre pour le peuple avec les élections
présidentielles de fin 2015. Tous espèrent à voix basse qu’Aung San Suu Kyi les
remportera …
Agréable surprise à
Mandalay
Le bus Air Asia (gratuit, départ coïncidant avec l’avion de
Bangkok) nous dépose dans le centre de la ville, en face de la gare
ferroviaire. Les 45 minutes de trajet nous ont donné un aperçu de ce qui nous
attend : de la campagne, alors même que nous approchons de plus en plus de
la ville, et une chaleur torride.
A la descente du bus, des hommes nous abordent, sans pression
ni agressivité : ils proposent leurs services de taxi. Nous grimpons dans
la voiture de l’un d’eux, et sommes déposés devant notre hôtel pour 4$ (un peu
cher, on aurait pu négocier à 2 ou 3$). Le Golden Garden Hotel (25$ la double,
négocié à 22$, pdj inclus) dénote dans le paysage alentour : ce bâtiment
moderne de 4 étages est entouré d’habitations beaucoup plus modestes. Tout
autour, c’est une vraie vie de quartiers, où nous nous retrouvons mêlés à ces
hommes et ces femmes qui portent le longyi (jupe traditionnelle) et vaquent à
leurs occupations (ou non occupations), tous sourires sur notre passage. C’est
qu’on dénote un peu dans le paysage !
Pour la première fois en 7 mois, nous disposons d’une
chambre digne de nos standards européens : grand lit confortable, petit
frigo, et surtout … la climatisation ! Indispensable, il fait 42°C en
pleine journée, et la température ne descend pas sous les 30°C la nuit. On vous
ouvre la porte à l’entrée, les bagages sont portés jusque dans la chambre. Bah
mine de rien ça fait du bien ! L’offre d’hébergement touristique n’est pas
très développée dans le pays, et dormir pour pas cher semble être un grand
challenge.
Pour notre premier après-midi, ce sera déambulation dans les
rues du quartier.
| Ici, on se déchausse dès que l'on entre dans la cour du temple ce qu'une petite fille à vélo n'hésitera pas à nous faire savoir en nous voyant nous promener en tongues ! |
Le lendemain, mercredi 13, nous nous attaquons plus sérieusement à la
visite de la ville. Perchés sur nos vélos (2$), nous voilà partis, esquivant
scooters et voitures qui conduisent de manière assez folklorique. Le départ se
fait de bonne heure, pour profiter au max de la matinée avant d’être écrasés
par la fournaise.
Le flot de sourires et de "Hello" est incessant. La poussière
soulevée par les véhicules, ajoutée aux gaz d’échappement dans un air déjà
saturé nous pique les yeux.
Une pause s’impose dans un temple, où comme les habitants,
nous nous asseyons à l’ombre et
attendons que le temps passe. C’est là que nous faisons la rencontre de Zawlin.
Cet homme d’environ 35 ans a des airs d’homme instruit. Parlant très bien
anglais, nous apprenons qu’il travaillait avant pour une agence de voyage. Nous
discutons du régime politique (c’est lui qui engage la conversation), et de fil
en aiguille il nous demande ce que nous prévoyons de faire les prochains jours,
et nous propose ses services pour nous emmener en moto dans les petites villes
environnantes le lendemain. Le prix proposé est plus qu’acceptable, 12$ par
personne avec moto et conducteur, et rendez-vous est pris pour le lendemain
matin.
Nous reprenons notre route, nous arrêtant dans d’autres
temples, longeant la rivière.
| Pas mal en jupe ! |
A 14h, le soleil tape trop, une sieste à l’hôtel s’impose,
pour mieux repartir 2h plus tard, à l’assaut de la colline de Mandalay.
Beaucoup de marches, passant à travers différents temples où c’est toute une
vie qui s’organise. Des familles habitent des baraques en bois le long du
chemin, vendant souvenirs ou nourriture la journée. La vue d’en haut est fort
sympathique (1000K pour prendre des photos), et des étudiantes font remplir des
questionnaires aux touristes sur leur perception du tourisme au Myanmar.
Après un repas indien (la population indienne est nombreuse
ici, et leurs plats – multitude de petits mets + un plat principal - sont
savoureux et vraiment pas cher), nous regagnons nos quartiers pour une nouvelle
nuit au son continuel des prières du temple voisin : voici le seul hic de
notre hôtel, il est situé à quelques pas d’un temple où les moines prient à
haute voix, leurs paroles relayées par des micros puissants, à longueur de
journée … et de nuit !
Le tour des anciennes
cités royales : Sagaing, Inwa (Ava) et Amarapura
Jeudi 14, Zawlin, accompagné d’un ami, nous attend comme
convenu à 8h devant l’hôtel, avec leurs motos.
Nous partons pour une journée (12 000K chacun) autour de
Mandalay. Très vite, nous sortons de la ville. Le long de la grande route, des
gens vivent dans des sortes de tentes, trayant leurs vaches sur le terre-plein
qui séparent les deux voies.
Nous faisons un premier arrêt dans un village où les hommes
fabriques des bouddhas dans une sorte de terre cuite, recouverte de métal.
Ici, il ne semble pas y avoir d’âge légal pour commencer à travailler, et ces sont des garçons parfois bien jeunes que nous voyons à l’ouvrage. Zawlin confirmera cette impression : aller à l’école n’est pas une obligation, contrairement à ce qui avait été instauré pendant les présidences socialistes des années en arrière. L’éducation, base de développement d’un pays, n’est pas le souci d’un gouvernement qui fait passé le budget militaire bien avant celui de l’éducation et de la santé (chose unique dans les pays d’Asie du Sud-Est d’après nos sources).
Ici, il ne semble pas y avoir d’âge légal pour commencer à travailler, et ces sont des garçons parfois bien jeunes que nous voyons à l’ouvrage. Zawlin confirmera cette impression : aller à l’école n’est pas une obligation, contrairement à ce qui avait été instauré pendant les présidences socialistes des années en arrière. L’éducation, base de développement d’un pays, n’est pas le souci d’un gouvernement qui fait passé le budget militaire bien avant celui de l’éducation et de la santé (chose unique dans les pays d’Asie du Sud-Est d’après nos sources).
S’en suit la visite de trois des anciennes cités royales.
En commençant par Sagaing. Là encore, une floppée de marches
interminable nous attend, pour avoir le plaisir d’admirer le nombre
incalculable de pagodes qui ornent le paysage alentour. Ce n’est pas un
surprise, le Myanmar étant surnommé de mémoire le pays aux milles pagodes.
Un peu plus loin, nous arrivons à Inwa, également connue
sous le nom d’Ava. Les motos nous laissent au bord de la rivière, et c’est en
bateau que nous faisons la traversée (1000k aller-retour, toutes les 15
minutes, prend 2 minutes).
Sur les quelques mètres pour rejoindre le bateau, une petite gamine tente à force de beaucoup d’arguments de nous vendre des colliers. Elle a reconnu notre langue, et nous sort son discours de vente rôdé en français, des phrases sûrement apprises par cœur, enseignées par de précédents touristes. De l’autre côté, plusieurs calèches attendent pour faire le tour des temples et pagodes des environs (8$, négociable). Un gamin va nous suivre pendant 10 minutes pour essayer de nous convaincre, mais nous persistons à vouloir faire cette balade à pied, le long des routes en terre.
Sur les quelques mètres pour rejoindre le bateau, une petite gamine tente à force de beaucoup d’arguments de nous vendre des colliers. Elle a reconnu notre langue, et nous sort son discours de vente rôdé en français, des phrases sûrement apprises par cœur, enseignées par de précédents touristes. De l’autre côté, plusieurs calèches attendent pour faire le tour des temples et pagodes des environs (8$, négociable). Un gamin va nous suivre pendant 10 minutes pour essayer de nous convaincre, mais nous persistons à vouloir faire cette balade à pied, le long des routes en terre.
Nous trouvons un petit resto en face du Maha Aungmye Bonzan, monastère de 1822,
l’un des rares de cette époque encore debout. Une des jeunes femmes du
restaurant a une petit garçon malade, et nous regrettons de ne pas avoir de
paracétamol sur nous : les médicaments restent chers pour le niveau de vie
local, et on n’aurait peut-être pu aider. On pensera à en prendre pour nos
prochaines excursions.
Un droit d’entrée est demandé aux étrangers (10 000K), le
ticket est valable pour d’autres sites du lieu et d’ailleurs.
Le monastère a un certain, charme, mais c’est surtout le semblant de fraîcheur qui demeure derrière ses murs épais qui nous fait y rester un petit moment, sieste et lecture. Plein de Birmans sont également dans les parages, et ils rigolent bien en nous voyant là. Nous sommes une véritable attraction pour eux, et ils n’arrêtent pas de nous prendre en photo.
Le monastère a un certain, charme, mais c’est surtout le semblant de fraîcheur qui demeure derrière ses murs épais qui nous fait y rester un petit moment, sieste et lecture. Plein de Birmans sont également dans les parages, et ils rigolent bien en nous voyant là. Nous sommes une véritable attraction pour eux, et ils n’arrêtent pas de nous prendre en photo.
| Nous ne sommes pas les seuls à nous reposer ! |
Nous repartons enfin pour faire le tour des autres attraits
touristiques cachés au milieu du paysage. Au bout d’une heure, pensant avoir
bien suivie la carte du Lonely Planet, nous nous rendons tout de même compte
qu’on ne sait pas trop comment faire pour rejoindre le monastère en bois Kyaung
Bagaya (recouvert de pétrole).
Un homme nous suit avec sa calèche, on s’entête à vouloir continuer à pied. Mais bon, on finit par redevenir réalistes : on est crevé, il fait trop chaud, et on ne sait pas où aller. 3000K pour aller jusqu’au monastère et revenir à l’embarcadère … OK !!!!
| La tour de guet qui penche, résultat des séismes |
Un homme nous suit avec sa calèche, on s’entête à vouloir continuer à pied. Mais bon, on finit par redevenir réalistes : on est crevé, il fait trop chaud, et on ne sait pas où aller. 3000K pour aller jusqu’au monastère et revenir à l’embarcadère … OK !!!!
Dernière étape pour cette journée : le coucher de
soleil sur le pont U-Bein à Amarapura. Juste avant nous nous arrêtons dans un
atelier de fabrication de longyi, les « jupes » locales, ici
fabriquées en coton et soie de qualité.
Puis une bière rafraîchissante avec Zawlin, 1h qui sera l’occasion d’échanges ouverts sur le système politique, la place des hommes (souvent au bar à boire des bières) et des femmes (à la maison à s’occuper des enfants) – il reconnaît qu’il a honte de cette attitude-, les faits divers dans le monde. Sur la question du bien ou du mal du tourisme ici (faut-il venir dépenser son argent dans un pays se prévalant de la démocratie mais restant intrinsèquement encore une dictature militaire), il nous répond que même si une partie de l’argent dépensé finit dans les caisses de l’Etat, la majorité, si on choisit bien comment le dépenser, sert à faire vivre la population : « sans vous, je n’aurais pas de travail aujourd’hui ». Aller dans les guest-houses privées et non pas gouvernementales (pas toujours facile de le savoir, certes), manger dans les restos de quartier, acheter des produits sur le marché, utiliser les services des chauffeurs de taxi et de motos, … tout cela reste bénéfique.
Puis une bière rafraîchissante avec Zawlin, 1h qui sera l’occasion d’échanges ouverts sur le système politique, la place des hommes (souvent au bar à boire des bières) et des femmes (à la maison à s’occuper des enfants) – il reconnaît qu’il a honte de cette attitude-, les faits divers dans le monde. Sur la question du bien ou du mal du tourisme ici (faut-il venir dépenser son argent dans un pays se prévalant de la démocratie mais restant intrinsèquement encore une dictature militaire), il nous répond que même si une partie de l’argent dépensé finit dans les caisses de l’Etat, la majorité, si on choisit bien comment le dépenser, sert à faire vivre la population : « sans vous, je n’aurais pas de travail aujourd’hui ». Aller dans les guest-houses privées et non pas gouvernementales (pas toujours facile de le savoir, certes), manger dans les restos de quartier, acheter des produits sur le marché, utiliser les services des chauffeurs de taxi et de motos, … tout cela reste bénéfique.
Le temps est venu de rejoindre ce long pont en teck.
Touristes et locaux se mêlent. Et parmi eux des moines, qui viennent nous
aborder, pour nous prendre en photo ou perfectionner leur anglais. Nous faisons
un bout de chemin avec l’un d’eux, parlant d’abord de choses et d’autres, des
voyages, de la religion, puis en arrivant aux élections de fin d’année :
« selon vous, qui va les remporter ? Moi, je souhaiterais que ce soit
Aung San Suu Kyi ». Tout est dit. Il nous explique que les moines ne sont
pas autorisés à voter par le gouvernement, mais que par contre, ils sont
consultés par les fidèles et que c’est ainsi qu’ils font entendre leurs voix.
Cette journée s’achève, retournant à Mandalay dans la nuit,
routes non éclairées, motos parfois sans phares : le klaxon marche à fond
de train.
Nous retournons dîner dans le petit resto au fond de la
petite rue qui borde l’hôtel, un peu à gauche : c’est délicieux est
tellement peu cher (3500K pour deux, soit moins de 3€).
Ainsi s’achèvent ces presque 3 jours à Mandalay, qui nous a
agréablement surpris par son authenticité, sa chaleur humaine (et ambiante tout
court) et ces belles rencontres, déjà.
Vraiment la Birmanie parait pittoresque, vous allez vous régaler en rencontres et loin des flux touristiques
RépondreSupprimerProfitez en les tourtereaux
A bientôt pour vous lire
Bisous
Heureuse de vous retrouver....
RépondreSupprimerProfitez bien de ces moments authentiques.
Ces rencontres avec des personnes qui n'ont pas grand chose mais tellement plus que nous, le partage et le temps qui semble s'être arrêté dans ces lointaines contrées...
A très bientôt....
Enfin des news !! Paris est champion et triplé historique... Et je suis toujours aussi halluciné par vos aventures ! Quelle chance et quel courage ! Profitez bien du monde plein de bisous
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